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MÉCANIQUE. — Remarques de M. Fourneyron, à l’occasion de la Note lue par M. de Polignac le 5 octobre 1857. (Extrait.)

« Je dois relever dans la communication de M. de Polignac le passage suivant : « Nous avons rejeté, comme n’ayant pas encore reçu la sanction de l’expérience, toutes les machines rotatives. »

M. A. de Polignac ignorait donc, en 1857, qu’il existe à Saint-Blaise, dans la Forêt-Noire, où je les ai établies, il y a plus de vingt ans, deux petites turbines de la force de soixante chevaux chacune, pesant 17 k,50 seulement, et fontionnant au bout d’une conduite de 400 à 500 mètres de longueur, sous une pression de onze atmosphères, avec une vitesse de 2300 tours par minute ? Il me semble que ce sont là des machines rotatives à eau ; et que vingt années de travaux réguliers et satisfaisants peuvent bien passer pour une sanction de l’expérience.

En ce qui transforme l’idée de la transmission de la force et du mouvement à de grandes distances au moyen de l’eau, l’Académie n’aura pas oublié tout à fait, j’ose l’espérer, les communications d’Arago sur les propriétés de ma turbine, et sur les applications que l’on en pouvait faire, notamment dans un projet d’élévation d’eau de Seine pour les besoins de la ville de Paris. Or une des applications annoncées avait précisément pour objet de transmettre le mouvement des turbines projetées au Pont-Neuf, non pas seulement à 100, à 200 ou à 300 mètres, mais à plusieurs kilomètres de distance. On lit en effet à la page 93, tome III, des Notices scientifiques d’Arago :

« M. Fourneyron s’est assuré à ma prière que les quatre cents paires de meules exigeraient 1400 chevaux. Il a trouvé de plus des moyens très-ingénieux et très-praticables d’emprunter cette force aux turbines du Pont-Neuf, alors même que pour s’éloigner des terrains bâtis et très-chers »> du centre de Paris, on sentirait le besoin de porter le moulin aux quatre cents tournants jusqu’à la plaine de Grenelle. Notre projet enfin est étudié à ce point, que..... »

C’est en janvier 1841 qu’Arago écrivait ces lignes. En 1843, ayant eu à résoudre industriellement le problème posé par M. A. de Polignac dans sa lecture du 5 octobre 1857 à l’Académie, c’est-à-dire ayant eu à porter la force d’une chute d’eau à une manufacture située à 240 mètres de distance, j’ai obtenu la solution désirée au moyen d’une seule conduite et d’une simple turbine, sans pompe et sans les deux machines à colonnes d’eau qui font essentiellement partie du système de ce savant ingénieur. La force

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