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tante sera si tranquille, qu’une heure d’observation continue du soleil avec l’hélioscope fatiguera moins l’observateur qu’une minute d’observation de la lune avec une lunette ordinaire. On peut augmenter à volonté l’intensité de l’image par l’orientation relative des deux glaces de l’appareil polarisant et si on arrive au point où les deux réflexions ont lieu dans le même plan, l’hélioscope dirigé sur la lune transmet encore, malgré trois réflexions sur les surfaces des verres transparents, assez de lumière pour en bien distinguer les principaux détails ; on peut aussi voir assez bien l’anneau de Saturne et les satellites de Jupiter, ce qui ne veut pas dire que l’instrument soit convenable pour de telles observations, mais cela donne une idée assez nette de l’étendue des variations d’intensité que la lumière peut subir dans cet instrument à la volonté de l’observateur.

« Le premier télescope de ce genre que j’ai fait construire à titre d’essai a 2 décimètres d’ouverture et 3 mètres de longueur ; il supporte parfaitement le grossissement de deux cents fois. »

M. Reynaud, directeur du service des phares et balises, et M. Degrand, ingénieur des ponts et chaussées attaché au même service, soumettent au jugement de l’Académie un Mémoire dans lequel ils font connaître une série d’expériences entreprises dans le but de constater les portées comparatives des lumières diversement colorées, et particulièrement de la lumière rouge.

« Ces expériences, disent les auteurs dans la Lettre d’envoi, établissent que la lumière rouge se voit beaucoup plus loin que la lumière blanche a intensité lumineuse égale, et que l’inverse a lieu pour d’autres couleur telles que le bleu et le vert. Ce fait, qui n’avait point encore été constaté du moins a notre connaissance, est fort important pour le service que nous avons l’honneur de diriger, en ce qu’il engagera à multiplier un mode de diversité des feux, auquel on n’avait recours qu’avec une sorte de répugnance, parce qu’on lui croyait le grave inconvénient de réduire la portée dans une forte proportion. Il devra être pris également en grande considération dans les dispositions à adopter pour les signaux lumineux qui se font a bord des navires. Nous osons espérer que MM. les physiciens et les physiologistes de l’Académie jugeront que ces expériences ne sont pas dépourvues d intérêt. »

Le Mémoire est renvoyé à l’examen d’une Commission composée de MM. Babinet et J. Cloquet.