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verre foncé résiste, il est vrai, quelque temps, mais s’il éteint suffisamment la lumière, il n’en est pas de même de la chaleur qui est la principale cause de la fatigue qu’on éprouve en observant le soleil, même avec d’assez petites lunettes. Avec de grandes lunettes, une étude sérieuse et attentive du soleil est à peu près impossible. Avec une lunette de 25 centimètres d’ouverture, les verres foncés éclatent en six et sept secondes de temps, et avec ma lunette de 52 centimètres en deux ou trois secondes au plus, c’est-à-dire presque instantanément.

Un instrument spécial, très-puissant "et proportionnellement peu dispendieux pour l’observation du soleil, est donc une acquisition précieuse pour l’astronomie. C’est par un phénomène de polarisation combinée avec la réflexion sur la surface concave d’un verre transparent que j’arrive au but de la manière la plus satisfaisante. Je polarise la lumière et la chaleur solaire avec le plus simple des appareils polarisants ; mais avant de la polariser, j’en réduis l’intensité au vingt-cinquième environ, en ne renvoyant a l’oculaire que la portion de lumière incidente que réfléchit le verre transparent sous l’incidence normale.

On ne peut pas songer à réduire par des diaphragmes l’ouverture des lunettes pour obtenir le même effet à cause de la diffraction qui altérerait la netteté de l’image. L’emploi du miroir de verre non étamé, agissant par sa première surface seulement, permet de conserver une bonne proportion entre l’ouverture et la longueur focale, tout en réduisant l’intensité lumineuse dans la proportion indiquée ci-dessus : la surface postérieure du miroir est disposée pour laisser passer la lumière et la chaleur qui sort librement par l’extrémité et pour disposer la petite quantité que cette surface réfléchit.

Mon hélioscope consiste donc en un télescope de réflexion dont le grand miroir est en verre ordinaire : la disposition est celle du télescope de Newton, mais le petit miroir métallique est ici remplacé par une plaque en crown-glas inclinée à angle de polarisation ; une pareille plaque qu’on peut orienter à volonté, par rapport à la première, est interposée entre celle-ci et l’oculaire.

Rien ne s’oppose à la construction de cet instrument sur de grandes dimensions ; une proportion convenable de l’ouverture à la longueur focale et la perfection du travail des surfaces sont les seules conditions à remplir pour en obtenir des grossissements très-considérables.

On peut régler l’inclinaison des plaques de verre de manière que la chaleur soit presque complètement éteinte, et à ce point la lumière res-