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ments mentionnés déjà avant nous, mais que nous croyons avoir décrits pour la première fois chez les Dytisques.

» Il y a des mouvements péristaltiques dans le premier estomac ; il y a des mouvements spasmodiques très-violents, une sorte de déglutition dans la courte région comprise entre le gésier et le ventricule chylifique. Ces mouvements sont dans leur nature intime indépendants du nerf stomato-gastrique ; en effet, si l’on enlève ce nerf aussi complètement que possible, ils persistent longtemps après ; ils se produisent même (les mouvements spasmodiques du moins) sous le champ du microscope. Il est facile de constater alors des masses de fibres striées qui se meuvent isolément sans la présence d’aucun nerf.

» Le stomato-gastrique est insensible : en l’irritant, on n’obtient ni contractions marquées dans les tissus où il se distribue, ni signes de douleurs manifestés au dehors ; seulement cette irritation se propage au pharynx, la déglutition est augmentée, et le premier estomac se remplit d’air. Quelquefois nous avons très-bien vu, en galvanisant le nerf, éclater des contractions plus vives dans la région du second estomac.

» Telles sont nos expériences ; elles se résument dans les propositions suivantes :

» Il y a en quelque sorte trois centres nerveux d’où sortent les nerfs crâniens présidant à des actes distincts ; en effet, l’ablation du ganglion sous-œsophagien rend impossible la préhension et surtout la mastication ; au contraire, la déglutition, les propriétés des antennes persistent. L’ablation du ganglion sus-œsophagien à la racine des pédoncules détruit le mouvement et la sensibilité des antennes ; la mastication et la déglutition persistent. L’ablation du ganglion frontal détruit la déglutition ; la mastication persiste, les antennes restent mobiles et sensibles.

» En un mot, le ganglion sous-œsophagien est en rapport avec la préhension et la mastication, le sus-œsophagien avec les propriétés des antennes ; le frontal préside à la déglutition.

» Si nous ajoutons que les nerfs crâniens ne s’entre-croisent pas, mais qu’ils naissent dans les régions correspondantes de chaque centre nerveux, et que ces nerfs en général sont mixtes dès l’origine, nous aurons tiré de nos expériences toutes leurs conséquences légitimes. »


(Ce travail est renvoyé, ainsi que celui auquel il fait suite, à l’examen de la Commission qui aura à décerner le prix de Physiologie expérimentale.)