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le rôle du cerveau comme organe spécial présidant à la sensibilité et à la motilité des diverses parties de la tête. Nos opérations sur les insectes vivants ont porté successivement sur le ganglion sus-œsophagien et ses nerfs, sur le ganglion sous-œsophagien et ses nerfs, et sur la portion impaire du nerf stomato-gastrique dans toute son étendue.

» A. Opérations pratiquées sur le ganglion sous-œsophagien. — L’ablation complète du ganglion sous-œsophagien est toujours suivie de l’immobilité et de l’insensibilité de la lèvre inférieure, des mâchoires, des mandibules, du labre. Les antennes sont tout d’abord affaiblies, mais, au bout de quelques instants, elles recouvrent les propriétés qu’elles avaient presque perdues ; elles se meuvent et elles sentent. En un mot, l’ablation du ganglion sous-œsophagien abolit tous les mouvements de préhension et de mastication exécutées par les pièces buccales et toute la sensibilité de ces parties.

» Si l’on détruit pareillement l’une des moitiés du ganglion, la moitié gauche par exemple, on obtient deux résultats constants : 1° la paralysie du mouvement et du sentiment dans la portion correspondante de la lèvre inférieure et dans la mâchoire et la mandibule du même côté ; 2° des mouvements convulsifs intenses et durables dans les parties analogues du côté opposé. Faisons remarquer qu’après la lésion les palpes maxillaires et labiaux correspondants continuent quelquefois à se mouvoir lorsqu’on les pince ; mais jamais, en les pinçant, on ne détermine de signes de douleur ni dans les antennes, ni dans les pièces de la bouche, ni dans les pattes ; ce qui a toujours lieu si le ganglion est intact.

» Après avoir agi sur les ganglions, nous avons agi sur les nerfs qui en partent, et qu’on peut facilement (au moins pour les nerfs labiaux et maxillaires) isoler et couper à leur origine. En irritant les nerfs, c’est à peine si l’animal donne des signes de douleur générale. Ces nerfs sont donc à peine sensibles. En les coupant, on paralyse tout à la fois le mouvement et le sentiment des pièces auxquelles ils se rendent : ces nerfs sont donc mixtes dès leur origine. C’est un résultat précis et plein d’intérêt.

» Nous n’avons pu agir isolément sur le nerf mandibulaire.

» B. Opérations pratiquées sur le ganglion sus-œsophagien et ses nerfs. — Nous venons de voir que, si l’on enlève le ganglion sous-œsophagien, on affaiblit notablement, mais momentanément les antennes, et l’on paralyse toutes les pièces buccales. Si l’on enlève les deux lobes cérébraux, les effets sont essentiellement différents : on n’empêche ni la mastication, ni la déglutition ; les pièces buccales continuent à sentir et à se mouvoir. Réduit à cet état, l’insecte peut même saisir fortement les pulpes du doigt et man-