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cachés par l’empiétement des maxillaires ; tandis qu’elle acquiert, par l’épaississement dû à ce développement des crêtes surcilière, sagittale et occipitale, par le grand prolongement des mâchoires, tout ce qui la fait ressembler à la tête du pongo.

» D’après cela, et à en juger d’après la partie essentielle du squelette, l’orang-outang est une espèce distincte du pongo.

» Quant aux caractères extérieurs, il paraît certain qu’ils suffisent également pour confirmer cette distinction, puisque dans l’une les individus mâles sont pourvus d’un lobe cutané épais, comprimé, arrondi, operculiforme, nu, situé au côté externe de la racine de la joue, comme j’ai pu le constater sur plusieurs beaux individus de la collection de Leyde ; partie qui n’existe pas dans l’autre, comme on peut s’en assurer par la description de Wurmb, auquel une singularité aussi remarquable, et qui donne à ces animaux un aspect véritablement effroyable, n’aurait certainement pas échappé. Or, comme c’est bien certainement le pongo dont nous possédons le squelette qui manque de ce caractère, il faut en déduire que c’est l’orang-outang qui en est pourvu, celui dont nous n’avons vu en France que de jeunes individus femelles.

» Toutefois, c’est une conclusion qu’il ne faut pas encore regarder comme absolument légitime, car il se pourrait qu’il y eût plusieurs espèces confondues sous le même nom d’orang-outang.

» En effet, le crâne d’après l’inspection duquel G. Cuvier a été conduit à penser que l’orang-outang et le pongo pourraient ne former qu’une seule espèce, diffère notablement de celui du même âge de l’orang-outang, pour se rapprocher notablement de celui du pongo. Les orbites sont à peu près rondes, et proportionnellement plus grandes ; les zygomatiques offrent, au-dessous de leur articulation avec l’apophyse orbitaire externe du frontal, une dilatation assez considérable qui n’existe ni dans le pongo, ni dans l’orang-outang ; et comme ce crâne vient de Calcutta, il est à présumer qu’il existe sur le continent indien une espèce particulière d’orang.

» On peut également concevoir que la grande espèce de singe décrite par M. Abel sous le nom d’orang-outang de Sumatra, serait distincte de l’orang roux et du pongo, d’abord par sa très grande taille, qui est au moins de 6 à 7 pieds, et ensuite par une longueur proportionnelle beaucoup moindre des doigts, qui, chez ces derniers animaux, sont véritablement de longs crochets.

» D’après ces observations, on pourra admettre provisoirement, et dans