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par exemple sera autant dévié que le rouge, tandis que le jaune et le vert le seront plus qu’eux. Les couleurs composées, résultantes de ces combinaisons, devront conséquemment varier avec la proportion d’eau, de la manière en apparence la plus bizarre ; et c’est en effet ce qu’on observe. Mais cette bizarrerie devient la régularité la plus simple, quand on connaît la loi linéaire qui la produit.

» D’après ces expériences, le pouvoir initial de l’acide, sans eau additionnelle, deviendrait nul pour le rayon rouge vers la température de 23°. En effet, en transmettant un trait de lumière polarisée à travers une masse d’acide fondu, puis solidifié, dont l’épaisseur totale était au moins de cinquante millimètres, je n’y ai aperçu à cette température aucune apparence de rotation. Mais le pouvoir du même acide s’est montré très actif, dans une épaisseur peu différente, lorsque l’ayant fondu avec très peu d’eau, je l’ai observé chaud et liquide, puis dans l’état gommeux, jusqu’à ce qu’il fût solidifié. Alors il est devenu opaque. Ces expériences difficiles demandent à être reprises, avec des mesures ; et surtout il faudra les répéter à de basses températures, pour voir si l’acide solide y prendra la rotation vers la gauche comme on doit le présumer. Je n’ai pas osé le fondre seul de peur de le pyrogéner, ne l’ayant pas encore observé dans cet état. Je ne sais pas non plus si l’acide paratartrique redevient physiquement tartrique quand l’atome d’eau, qui fait sa différence, lui est enlevé par dessiccation à l’aide d’un courant d’air chaud qui en même temps le désagrège. Cette mine de faits pénètre évidemment aux fondements mêmes de la chimie ; mais des efforts solitaires n’y peuvent avancer qu’avec lenteur.

Pour remplir du moins le cadre borné que je m’étais proposé ici, il fallait examiner les solutions d’acide tartrique formées avec d’autres liquides que l’eau. J’ai choisi pour cela l’esprit-de-bois et l’alcool. Le premier, purifié autant que possible sous les yeux de M. Dumas ; l’autre rectifié avec soin dans les laboratoires de M. Robiquet ; et, d’après sa densité, contenant moins de d’eau.

L’esprit-de-bois et l’alcool purs sont considérés par les chimistes comme deux liquides isormorphes, non qu’ils leur supposent la même forme moléculaire, comme le mot semblerait l’indiquer, mais seulement parce que, en engageant ces deux liquides, en même proportion atomique, dans une certaine combinaison avec d’autre corps, il en résulte deux sels de même système cristallin, quoique non pas de mêmes angles. Sans méconnaître l’étendue et la simplicité des rapports que ce genre d’analogie a fait découvrir entre des variétés de combinaisons jusque alors isolées, onipeut regretter que le mot