lumière blanche avec ceux que produisent tous les autres corps. Une particularité aussi spéciale dans le mode d’action propre devait faire cependant espérer des nuances sensibles dans les influences exercées, si l’on engageait l’acide dans des combinaisons assez faibles, pour qu’on pût graduer lentement, et par des variations appréciables, les modifications qu’il y éprouverait. Aussi de telles nuances existent-elles, et d’une nature à étendre les idées que l’on s’était faites jusqu’à présent des combinaisons chimiques.
» Pour le faire voir, simplifions d’abord les phénomènes en opérant sur un rayon de réfrangibilité sensiblement fixe, par exemple rouge, tel qu’en transmettent les verres colorés par le protoxide de cuivre. Admettons une température constante ; puis, formons une solution aqueuse d’acide tartrique cristallisé, exactement dosée à la balance, et aussi chargée d’acide qu’il sera possible à la température où nous opérons. Si l’acide est pur, elle sera limpide. Fractionnons-la en diverses parties que nous peserons, et que nous étendrons ensuite avec des poids connus d’eau distillée. Nous aurons ainsi une série de solutions, toutes composées exactement des mêmes principes, en doses différentes. Mesurons leurs densités propres ; et, les ayant successivement introduites dans des tubes de longueur connue, terminés par des glaces minces, observons les déviations qu’elles impriment à notre rayon polarisé. De là, à l’aide des formules que j’ai données il y a déjà trois ans, dans le tome XIII des Mémoires de l’Académie, on pourra déduire le pouvoir rotatoire actuel de l’acide dans la solution, en l’y considérant comme le seul élément actif, ce qui revient à l’y supposer dans l’état de simple mélange, puisque l’eau distillée seule ne dévie point les plans de polarisation des rayons. Cela posé, voici quels seront les résultats.
» D’abord, chaque solution, étudiée successivement à des épaisseurs diverses, opérera des déviations exactement proportionnelles à ces épaisseurs. Elle offrira ainsi le caractère moléculaire de l’action.
» Mais le pouvoir rotatoire de l’acide dans les diverses solutions se trouvera inégal ; il croîtra de l’une à l’autre proportionnellement à la proportion pondérale de l’eau existante dans la solution ; en sorte que le lieu géométrique de tous ces pouvoirs sera une ligne droite ayant la proportion pondérale de l’eau pour abscisse et le pouvoir rotatoire pour ordonnée. L’ordonnée initiale exprime le pouvoir qu’aurait l’acide simplement désagrégé, sans eau additionnelle. L’ordonnée finale, du moins pour le problème physique, répond à une dilution infinie. Entre ces extrêmes, la portion de la droite qui peut être réalisée par des expériences, comprend des pouvoirs
