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les bouches de la vésicule extérieure ou dans une partie du boyau qui fait hernie en-dehors et qui leur sert d’une sorte de gaîne.

» Quelle peut être la cause qui produit la décharge intermittente des aiguilles cristallines et le mouvement de recul des biforines ? M. Turpin l’attribue au phénomène dont les effets ont été désignés par M. Dutrochet sous les noms d’endosmose et d’exosmose. En effet, les biforines étant constituées par deux vésicules emboîtées l’une dans l’autre, laissent entre elles un espace qui est rempli d’un liquide d’une densité remarquable, puisque ces organes se développent au milieu d’un tissu abreuvé dans toutes ses parties d’une sève très mucilagineuse. « Si on les place dans de l’eau pure et à la température indiquée plus haut, les conditions favorables à l’endosmose sont remplies, c’est-à-dire que deux liquides de densité différente ne sont plus séparés que par une membrane vésiculaire. L’eau pure qui baigne la vésicule, aspirée fortement par l’eau mucilagineuse de l’intérieur de celle-ci, augmente nécessairement la masse de ce dernier liquide, qui pressant sur tous les points le boyau, l’oblige à se décharger de quelques-unes des aiguilles cristallines qu’il renferme. C’est à cette décharge forcée que sont dus les mouvements de recul que subissent les biforines. Après s’être en quelque sorte soulagées par le vomissement de quelques aiguilles, les biforines semblent se reposer, mais le liquide mucilagineux continuant toujours d’attirer à lui l’eau pure qui l’environne et d’augmenter de volume par ces additions successives, presse de nouveau le boyau jusqu’au moment où celui-ci arrive au dernier terme de sa résistance, cède, comme par une sorte de détente et subit une décharge semblable à la première. Par une suite de décharges intermittentes, le boyau finit par se vider complétement des aiguilles qu’il renfermait et ne paraît plus qu’une sorte de cordon tortillé. »

» M. Turpin se propose de faire une expérience qui sera en quelque sorte la contre-épreuve de la théorie du phénomène qu’il vient de décrire. Elle consistera à soumettre les biforines à l’action d’un liquide plus dense que l’eau pure, de l’eau gommée ou sucrée par exemple, de manière à équilibrer autant que possible la densité des deux liquides mis au voisinage l’un de l’autre. Tout porte à croire que dans cette expérience il ne se manifestera aucune expulsion des aiguilles cristallines ni par conséquent aucun mouvement quelconque.

» Les biforines ont été observées dans toutes les espèces (une seule exceptée) du genre Caladium, que l’on cultive dans les serres du Muséum d’histoire naturelle, savoir : C. esculentum, seguinum, colocasioides, bicolor,