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au contraire plongé depuis cinq ans dans un silence absolu. Progressivement, et sous l’iufluence du courant galvanique, ce jeune homme a retrouvé complétement l’ouïe. Aujourd’hui il entend et comprend la parole sans qu’il soit nécessaire d’élever la voix, surtout quand on lui parle sa propre langue.

M. Magendie va maintenant chercher à rendre la parole à ce jeune homme en appliquant directement les courants électriques aux nerfs qui président à la production de la voix.

À la suite de cette communication, M. Roux prend la parole.

« Rien ne saurait affaiblir, dit-il, l’intérêt et l’importance du cas dont M. Magendie vient de donner connaissance à l’Académie : mais qu’il me soit permis de rapporter des faits de deux sortes, dont les uns sont contraires à la manière de voir vers laquelle il incline relativement à l’origine de la corde du tympan, les autres au contraire fortifient ce qu’il a dit de la puissance des courants galvaniques contre les paralysies, quand ils sont dirigés immédiatement sur le système nerveux.

» Des anatomistes modernes, ont douté que la corde du tympan vint, comme on l’a prétendu depuis si long-temps, du nerf facial ou de la portion dure de l’ancienne septième paire, et pensent qu’elle appartient au nerf de la cinquième paire. Un fait pathologique, dont j’ai été moi-même le sujet, ne déposerait-il pas contre cette vue anatomique ? Il y a une douzaine d’années environ qu’après nombre d’autres affections rhumatismales, j’eus à droite une affection passagère du nerf facial, qui produisit la paralysie de tous les muscles de la face, auxquels ce nerf transmet le principe du mouvement. Le cours entier de cette affection fut de trois semaines ou un mois. Pendant tout le temps qu’elle dura, j’éprouvai avec l’hémiplégie faciale deux symptômes pénibles : d’une part, une sensibilité exquise de l’organe de l’ouïe, ou du moins une disposition de la membrane du tympan à être douloureusement ébranlée par des sons un peu forts ; d’autre part, une sensation continuelle et vraiment importune de saveur cuivreuse dans tout le côté, et dans le seul côté de la langue correspondant au nerf facial affecté. J’avais conçu ces deux symptômes, comme je les conçois encore maintenant, par la présence de la corde du tympan derrière la membrane du tympan, et par sa communication avec le nerf lingual, et j’admettais que ce filet nerveux tire son origine du nerf facial, puisqu’il partageait l’affection de ce dernier.

» Pour ce qui est, continue M. Roux, de l’application du galvanisme