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fraction de 0,61, il reste 0,54 pour la proportion des condamnations prononcées à huit voix au moins contre quatre. Or, en 1831, la loi a exigé pour la condamnation la majorité d’au moins huit voix contre quatre, au lieu de celle de sept voix contre cinq, et le rapport du nombre des condamnations à celui des accusés s’est effectivement abaissé à 0,54 : la différence ne se trouve que dans les millièmes, dont j’ai fait abstraction dans ces citations.

» Ce rapport peut aussi changer par l’influence d’autres causes générales. À Paris, il est un peu plus grand que dans le reste de la France ; ce qui peut tenir à ce que le nombre des accusations annuelles est proportionnellement plus considérable que dans la France entière ; circonstance qui rend aussi le danger des acquittements plus grand. Le rapport dont il s’agit n’est pas non plus le même pour les accusés des deux scxes, ni pour tous les genres de crimes. Quand on aura réuni un plus grand nombre d’observations, on pourra déterminer ses valeurs très probables, en ayant égard à ces diverses circonstances, et pour les différentes parties de notre pays. Jusque-là, on est obligé de se contenter d’une valeur moyenne de ce rapport pour la France entière, qui n’en est pas moins une quantité constante, comme cela résulte de l’expérience et de la théorie, et qu’il est toujours utile de connaître.

» Parmi les nombreux résultats du calcul des probabilités, les uns peuvent être confirmés par l’expérience, et l’ont été constamment ; les autres, par leur nature, ne sont susceptibles d’aucune vérification ; ce qui n’empêche pas qu’ils ne méritent la même confiance, puisqu’ils dérivent des mêmes principes et sont démontrés par les mêmes raisonnements. Ce calcul a d’ailleurs cela de commun avec les autres parties des mathématiques. Ainsi, par exemple, le dernier retour de la comète de Halley a été d’abord calculé et ensuite observé directement, et l’observation a confirmé, d’une manière remarquable, le résultat du calcul ; mais si quelque astronome, en suivant les mêmes méthodes, et en calculant également bien, s’avisait aujourd’hui de déterminer l’époque de son prochain retour, qui aura lieu vers 1910, il serait raisonnable de croire avec la même confiance à cé résultat futur, quoique assurément personne de nous ne puisse espérer de le vérifier. »

« Après la lecture de cette note, M. Poinsot prend la parole, et s’élève avec une nouvelle force contre cette doctrine d’un calcul applicable aux ›choses morales. Je sais très bien, dit-il, que le calcul des probabilités,