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coup que j’étais plongé dans une vive lumière, et je ressentis un malaise général qui n’avait peut-être d’autre cause que la frayeur dont je fus saisi. Je descendis le Puy-de-Dôme avec une grande vitesse, et craignant d’être atteint par les grêlons ou du moins d’être inondé par l’orage, je fus chercher un asile dans une grotte creusée dans la base du Puy-de-Côme et qui m’avait servi d’abri une autre fois. Le sommet du Puy-de-Dôme étant caché dans le nuage orageux, il eût été imprudent d’y rester plus long-temps.

» Après avoir remarqué la direction de l’orage et m’être reposé un instant de ma fatigue et de ma frayeur, j’atteignis le Puy-de-Côme, magnifique observatoire qui me rapprochait encore des nuages. Il était 2 heures et l’état du ciel me faisait craindre de nouvelles averses que je voulais chercher à éviter. Je me dirigeai alors vers le Puy-des-Goules, éloigné d’une petite lieue du sommet du Puy-de-Côme, et je m’élevai sur ses flancs vers 3 heures. Le ciel était à peu près dans le même état ; les deux couches de nuages existaient encore et le vent du sud très froid soufflait avec force sur les flancs de la montagne : il amenait un nouveau nuage à grêle qui paraissait très chargé et dans lequel je fus plongé pendant environ 5 minutes. Les grêlons étaient nombreux et les plus gros atteignaient à peine le volume d’une noisette ; ils étaient formés de couches concentriques plus ou moins transparentes, arrondies ou légèrement ovales : ils étaient tous animés d’une grande vitesse horizontale ; mais l’attraction de la montagne semblait les dévier un peu, et plusieurs tombèrent sur ses flancs. Un grand nombre vint me frapper sans me faire le moindre mal, puis ils tombaient aussitôt qu’ils m’avaient touché. La majeure partie du nuage passa au-dessus de ma tête, et j’entendis distinctement le sifflement des grêlons, ou plutôt un bruit confus formé d’une infinité de bruits partiels que je ne pouvais attribuer qu’au frottement de chaque grêlon contre l’air. Le nuage qui passa au-dessus de ma tête et dans lequel la grêle était toute formée, ne la laissa échapper qu’une demi-lieue au-delà du point où je me trouvais. Une petite portion cependant se répandit sur le flanc nord de la montagne qui intercepta sa marche, et je pus recueillir dans un flacon un certain nombre de grêlons. J’essayai l’eau par divers réactifs, et j’obtins un trouble très sensible avec le nitrate d’argent et le muriate de baryte.

« Tous les grêlons étaient animés d’un mouvement de rotation très rapide, mais dans des sens différents, autant que j’ai pu en juger en examinant leur mouvement lors de leur chute sur la forme de mon chapeau que je leur présentais aussi horizontalement que possible. Plusieurs autres nuages chargés de grêle arrivèrent encore du sud, et soit sur un point