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Creuse, arrondissement de Bourganeuf. Les communes de Faux-Mazuras, Manzac, Soubrebord, Morterolle, Vidaillac, Saint-Hilaire, La Pouge et Saint-Georges furent plus ou moins frappées. L’orage continuant à suivre la même direction, atteignit l’arrondissement d’Aubusson et y causa de grands ravages. De midi à deux heures, d’énormes grêlons tombèrent dans les communes de Saint-Amand, Lupersat-Ars, Saint-Avi-le-Pauvre, Saint-Sulpice-les-Champs, La Rochelle, Saint-Maixant, Saint-Ulpinien, Maynat, Beissat, Alleyrat, Saint-Silvain-Letrueq, Saint-Aynat, La Chaussade, Saint-Michel-de-Vesse, Chavanat, Malleret et Banise. À une heure et demie le nuage franchissait la limite occidentale du département du Puy-de-Dôme ; un quart d’heure plus tard il versait sur les communes de Gelles, Proudines, Saint-Pierre-le-Chastel, Saint-Oure et Roure d’énormes grêlons qui, en peu d’instants, couvrirent le sol d’une couche épaisse de trois pouces. À deux heures, de véritables glaçons tombaient sur la lave qui s’étend derrière le Puy-de-Dôme et se brisaient sur les angles des roches volcaniques. Bientôt après le nuage doubla le Puy-de-Dôme, dévasta la commune d’Arcines et, de deux heures un quart à deux heures et demie, il alla terminer son désastreux voyage sur Clermont et Montferrand. Ainsi, en quatre heures et demie, le nuage orageux parcourut un espace d’environ 90 lieues. »

Il est bien digne de remarque que la grosseur des grêlons alla sans cesse en augmentant pendant toute la durée du météore. Dans la Charente-Inférieure, ces grêlons étaient presque sphériques et peu abondants. Leur nombre et leur volume s’étaient déjà notablement accrus dans la Haute-Vienne ; mais c’est près d’Aubusson qu’ils acquirent le grand développement et la forme ovoïde qu’on leur trouva aussi à Clermont.

Le nuage au sein duquel la grêle s’élaborait n’était pas très élevé. On peut même indiquer sa hauteur avec une certaine exactitude, puisqu’on sait que le grand Puy-de-Dôme ne reçut aucun grêlon, tandis qu’il en tomba abondamment sur le petit, à 1200 mètres.

À Clermont, après l’orage, MM. Bouillet et Lecoc trouvèrent sur des plantes du jardin botanique, de nombreux grêlons intacts, gros comme des œufs de poule, et quelques-uns qui atteignaient le volume d’un œuf de dinde. Ils avaient tous une forme ellipsoïdale. Une multitude d’aiguilles étaient implantées vers les deux extrémités du grand axe. Elles avaient 18 lignes et même 2 pouces de long. Celles de ces aiguilles sur lesquelles la fusion n’avait pas fait trop de progrès, laissaient encore voir des traces de prismes hexagones terminés par des pyramides à six faces. M. Le-