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désir de s’occuper de cette question importante, l’état d’immobilité complète dans lequel il est forcé de tenir encore son bras droit ne lui a pas permis de faire les recherches qui lui auraient été nécessaires pour tâcher d’éclaircir ce point intéressant d’histoire scientifique. Pour le moment, il se borne à rappeler à l’Académie qu’il n’a fait, dans une des précédentes séances, qu’émettre des doutes sans jamais prétendre affirmer d’une manière absolue qu’il avait été impossible aux Arabes de connaître la variation. L’examen attentif du manuscrit, et surtout du passage que M. Sédillot a traduit, peut seul fournir les éléments nécessaires à la solution de la question. Dès que sa santé sera rétablie, M. Libri s’empressera de répondre à l’honneur que l’Académie lui a fait de le nommer membre de la commission qui doit examiner le travail de M. Sédillot, en faisant tout ce qui dépendra de lui pour essayer de diminuer l’incertitude qui règne encore sur le sujet en discussion.

» D’ailleurs, M. Sédillot ne doit pas s’étonner si l’annonce de la découverte de la variation par les Arabes a pu faire naître des doutes dans l’esprit de plusieurs personnes ; cela tient surtout aux circonstances suivantes. M. Sédillot a publié, il y a déjà quelque temps[1], un mémoire pour démontrer que les Arabes avaient connu aussi la géométrie de position ; mais la lecture même de son mémoire a prouvé à tous les géomètres que peu au fait probablement de ce qui constitue la véritable géométrie de position, M. Sédillot s’était laissé égarer par le mot position, et qu’il avait cru que l’on pouvait rapporter à cette branche de mathématiques des problèmes où il ne s’agissait que de déterminer la position d’une ligne, et qui appartenaient par conséquent à ce que la géométrie analytique a de plus élémentaire. Plus récemment, dans le mémoire même qui est soumis au jugement de l’Académie, et que l’auteur a inséré aussi dans le Journal Asiatique, M. Sédillot a cité et critiqué plusieurs passages du premier volume de l’Histoire des Sciences mathématiques en Italie, ouvrage que M. Libri a publié depuis peu. Or M. Libri saisit cette occasion pour déclarer à l’Académie que non-seulement M. Sédillot lui a prêté des opinions qui n’étaient pas les siennes, et que, par suite, il a pu facilement critiquer, mais que même (bien involontairement sans doute) il a dénaturé des passages de l’ouvrage de M. Libri, que M. Sédillot paraissait de reproduire, mais dans lesquels il omettait ou changeait des mots ou des membres de phrases, et donnait ainsi un tout autre sens que celui qui résultait des expressions de

  1. Nouveau Journal Asiatique, Mai 1834.