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Nous croyons devoir encore reproduire ici deux points particuliers du mémoire de M. Duvernoy. Le premier est relatif au mécanisme des mouvements de contraction de la poche sous-mandibulaire du pélican.

« J’ai découvert ce mécanisme, dit M. Duvernoy, dans un réseau très élastique, situé en-dehors des faisceaux musculeux. Je me bornerai à l’indiquer ici, ayant déjà eu l’occasion de le faire connaître ailleurs. Ce réseau se compose de filets principaux qui partent de la ligne moyenne, et se dirigent très obliquement en arrière, se liant par des filets latéraux ramifiés et plus petits qu’ils s’envoient réciproquement. Il en résulte un tissu extrêmement élastique, capable de revenir promptement sur lui-même, lorsque la cause qui l’a distendu a cessé d’agir, ce qui produit la contraction des parois de la poche, sans fatigue pour l’animal, parce qu’il n’y a pas ici dépense des forces vitales. C’est un nouvel exemple à ajouter à ceux déjà connus, dans lesquels certains mouvements et certaines positions fixes sont le produit de cette même force élastique. Tel est entre autres le ligament qui tient la troisième phalange des chats fléchie vers le haut sur le côté de la seconde phalange ; tel est celui qui maintient baillante la coquille des bivalves. Tel est le tissu jaune élastique de la peau interdigitale des mammifères à pieds palmés ; de l’aile des chauve-souris[1], qui ride cette peau à mesure que les doigts se rapprochent.


Le second point du mémoire de M. Duvernoy que nous reproduisons ici, a pour objet la théorie des mouvements si singuliers de la langue du caméléon.

« J’ai observé, dit M. Duvernoy, pendant cinq mois un caméléon vivant, et j’ai eu souvent l’occasion de le voir lancer sa langue comme un trait sur une proie ; les mouches excitaient peu son appétit : il était long-temps sans vouloir se donner la peine de les prendre ; car tout mouvement semble une peine pour cet animal apathique. Mais il se décidait bien plus promptement à prendre les punaises de jardin et surtout les araignées qu’on mettait à sa portée. Cette portée est beaucoup plus grande qu’on ne pourrait se l’imaginer avant d’en avoir fait l’expérience. Notre caméléon était perché sur un petit arbrisseau en-dedans d’une fenêtre contre laquelle nous lâchions l’insecte dont il devait s’emparer. De cette ma-

  1. Principes d’anatomie comparée, par M. Ducrotay de Blainville ; t. I, p. 162. Paris, 1822.