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reçu, par l’entremise de M. le Ministre de l’Instruction publique, une série de questions dont la première consiste « à déterminer si l’eau filtrée de la Garonne serait préférable aux eaux de sources qui sont proposées à l’administration municipale de Bordeaux tant pour la boisson des habitants de cette ville que pour ses usages industriels, l’irrigation, l’embellissement de ses places et de ses promenades, etc. »

» Une commission composée de MM. Arago, Thénard, Dumas, Robiquet, Poncelet et moi, a rendu compte dans la séance du 16 novembre de l’année dernière, des travaux d’analyse chimique auxquels elle s’est livrée pour assigner le degré comparatif de pureté des eaux dont il lui a été remis des échantillons.

» Il résulte de cette analyse que l’eau de la Garonne est la plus pure de toutes celles que cette commission a examinées, qu’elle est même un peu plus pure que celle de la Seine, qu’en conséquence en la considérant sous ce rapport elle mérite d’être préférée aux eaux de sources, si toutefois on parvenait à les rendre limpides par un filtrage préalable à leur distribution. L’Académie ayant approuvé cette conclusion, notre savant confrère M. Cordier, inspecteur-général des mines, rappelant un travail de M. Parrot, ingénieur au même corps, sur l’épuration des eaux salies par le lavage des minerais, travail qui a été imprimé dans le 8e volume de la 2e série des Annales des Mines, émit l’opinion que le mode de filtrage employé pour produire cet effet, était applicable plus en grand ; on savait d’ailleurs depuis plusieurs années, par un mémoire qui est dû à M. Mallet, inspecteur divisionnaire des ponts et chaussées, que M. Thom, ingénieur civil en Angleterre, était parvenu à filtrer à travers des couches de sable et de gravier, une quantité d’eau suffisante pour satisfaire en 24 heures aux besoins d’une population de 25,000 habitants, en portant à 56 litres la consommation journalière de chacun d’eux. Abstraction faite de la facilité avec laquelle pourrait s’effectuer le filtrage d’un plus grand volume d’eau, par des moyens analogues, il est certain qu’il serait possible de l’opérer avec la même chance de succès.

» Reste à savoir quels moyens il conviendrait d’employer pour y parvenir et quelles modifications les circonstances locales doivent apporter au choix de ces moyens. M. Cordier, artiste mécanicien et hydrauliste, très avantageusement connu par les distributions d’eau qu’il a exécutées à Béziers, sa ville natale, à Chaumont en Bassigny, et à Angoulême, est membre de l’une des compagnies qui ont proposé de distribuer les eaux de la Garonne dans les différents quartiers de Bordeaux ; prévoyant l’objection