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mission de lui exposer brièvement les résultats que j’ai obtenus, et les procédés par lesquels je suis parvenu à les découvrir.

« La première difficulté que l’on rencontre lorsqu’on veut étudier la polarisation de la chaleur par les tourmalines, c’est la faible transmission calorifique de ces substances, circonstance qui, jointe à la petitesse ordinaire de leurs dimensions, rend les rayons émergents du système polarisant extrêmement peu intenses et à peine appréciables aux thermo-multiplicateurs les plus délicats. À la vérité, on peut augmenter la quantité de chaleur incidente en la concentrant sur les tourmalines au moyen d’une lentille de sel gemme ; mais alors les plaques s’échauffent sensiblement, et rayonnent elles-mêmes beaucoup de chaleur : il devient donc nécessaire de placer le thermoscope à une grande distance, afin de le soustraire à l’action perturbatrice de cette seconde source calorifique ; et c’est précisément ce qu’on ne saurait faire sans retomber dans l’inconvénient primitif ; car les rayons, après s’être croisés au foyer, subissent une divergence considérable qui les rend excessivement faibles à une très petite distance des plaques. Pour restituer à ces rayons leur parallélisme, et leur donner en même temps beaucoup d’intensité, je place au-delà de l’image formée par la première lentille, une seconde lentille de sel gemme d’un rayon plus court, en ayant soin de la fixer à une distance de l’image égale à sa distance focale principale : les rayons, qu’elle reçoit divergents, en sortent parallèles et forment un faisceau de chaleur condensée qui se propage ultérieurement en conservant sa forme cylindrique. Il est très important de ne pas placer les tourmalines au foyer commun des deux lentilles, mais un peu plus près de la seconde et en-deçà de sa distance focale principale ; car si elles viennent à prendre quelque élévation propre de température par l’absorption qu’elle font d’une partie des rayons dirigés sur elles, cette chaleur, absorbée et rayonnée ensuite sur la seconde lentille, se trouve nécessairement réfractée en rayons divergents, dont l’action s’affaiblit et se perd complétement à une petite distance sans influencer le corps thermoscopique, qui est ainsi affecté uniquement par le faisœau provenant de la transmission directe que la seconde lentille a rendu parallele. Par ce simple artifice on parvient à faire passer par de très petites plaques de tourmaline un faisceau de chaleur presque aussi large que la surface de la première lentille, et l’on emploie ensuite tous les rayons émergents, et ces seuls rayons purs, sans le moindre mélange de chaleur dérivée de l’échauffement des plaques, à produire leur effet sur