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LECTURES.
zoologie. —Considérations sur les Singes les plus voisins de l’homme ; par
M. Geoffroy Saint-Hilaire. (Extrait remis par l’auteur.)

« L’auteur se propose d’expliquer comment, à son imitation[1], les zoologistes crurent devoir former un genre distinct du singe de Wurmb[2], reconnu aujourd’hui comme étant un orang-outang adulte.

» Avant d’aborder son sujet, il passe en revue les travaux des naturalistes touchant les singes confondus sous le nom d’orang-outang.

» Ce qu’il s’attache surtout à démontrer, c’est qu’il y a deux groupes principaux de singes très voisins de l’homme : 1o les plus anciennement connus par les nations qui, dans l’antiquité, commerçaient avec l’Afrique, les Égyptiens et les Carthaginois, et 2o les espèces qui, depuis la renaissance, furent observées aux Indes Orientales.

» Les singes de ce premier groupe diffèrent aussi bien organiquement parlant que géographiquement. Leur corps présente de très grands rapports avec celui de l’homme, eu égard aux proportions du tronc et des membres : les bras sont courts. La patrie de ces singes est exclusivement l’Afrique ; on en trouve en Guinée à portée de la rivière Gaboon, et généralement dans l’intérieur des terres, côte d’Angola. Ce qu’on en croyait savoir autrefois, c’est qu’ils vivaient solitairement dans les bois ou dans des cavernes, d’où le nom de troglodites. On les tenait pour des hommes sauvages ou des êtres demi humains et demi bêtes farouches. Linnée s’est laissé influencer par ces récits, et on l’a vu balotter ces animaux du genre homme dans celui des singes, les appelant, dans deux éditions successives, d’abord homo troglodites, puis simia troglodites. On y avait, il est vrai, réuni des nègres à peau blanche, les chacrélas, et aussi quelques idiots ou crétins de la race humaine, qu’on avait barbarement rejetés et confinés dans des forêts.

» Buffon s’étant proposé de remettre en ordre le savoir confus touchant les singes voisins de l’homme, vint à choisir pour point de départ un morceau littéraire de l’Histoire des Voyages, où Battel, commenté par Par-

  1. Voyez le précédent Compte rendu, page 74.
  2. Voyez Audebert, pl. 1 de l’Ostéologie.