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Ces instrumens consistent en des cylindres creux fermés d’un bout par un robinet ; ils sont assez spacieux pour admettre soit le bras, soit la cuisse tout entière ; ils s’adaptent par des ajutages de diamètres divers à la partie la plus volumineuse du membre, de manière à tenir le vide. Ces cylindres appliqués tantôt aux quatre membres simultanément, tantôt à deux ou même à un seul, communiquent par de longs tubes imperméables à une pompe qui peut alternativement et à volonté enlever l’air ou en apporter. À ces instrumens s’adapte un petit manomètre qui permet de juger du degré de condensation ou de raréfaction de l’air intérieur des cylindres.

Lorsqu’ils sont employés à faire le vide, ces cylindres ne sont à vrai dire que des ventouses, mais de dimension centuple des ventouses ordinaires, et agissant sur une surface cutanée infiniment plus étendue que nos petites cloches ; ils produisent par conséquent des effets beaucoup plus considérables. À l’Hôtel-Dieu, les élèves les qualifient de ventouses monstres : il serait sans doute mieux de leur laisser le nom de leur inventeur.

Les effets en sont prompts, énergiques et dignes de tout l’intérêt des médecins. Pour le prouver, il suffira de dire que souvent la pâleur du visage et la syncope en suivent immédiatement l’application. L’explication de leur manière d’agir est toute mécanique et très simple, c’est l’effet des ventouses en grand. En soustrayant par ce moyen sur une large étendue de la peau une partie de la pression atmosphérique, les liquides et surtout le sang se déplacent ; ils abondent là où ils sont moins pressés, et abandonnent par conséquent les points où ils supportaient une pression plus forte. On comprend dès lors la décoloration du visage dont je viens de parler, ainsi que la syncope. Il arrive là ce qui a lieu dans le cas d’une hémorrhagie considérable, avec cette importante différence, que le sang est bien soustrait à la circulation par l’action de l’instrument, mais cette soustraction n’est pas définitive, ce n’est qu’un emprunt. En effet, dès qu’on permet à la pression atmosphérique de reprendre son équilibre, le sang détourné et resté stationnaire pendant quelques instans, rentre dans le cours de la circulation, et l’ordre se rétablit dans cette fonction si judicieusement nommée vitale.

Appliquées sur un seul membre, les ventouses de M. Junod ont un effet dérivatif des plus prononcés ; mais quand elles sont placées simultanément sur les deux bras et les deux cuisses, et que le vide y est soutenu à sept ou huit centimètres, les effets sont d’une énergie effrayante ; la circulation du sang est permise ou suspendue à la volonté de celui qui fait jouer la