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un sentiment de faiblesse générale et d’apathie complète ; les sécrétions glandulaires semblent suspendues.

Si l’on fait alterner à diverses reprises la compression avec la raréfaction de l’air sur le même individu, tous les phénomènes produits par ces deux opérations contraires deviennent de plus en plus manifestes.

Vos commissaires ont été témoins des expériences dont parle l’auteur. Il les a répétées à diverses reprises devant eux ; ils ont ainsi pu vérifier la plupart des faits qui viennent d’être énoncés.

Ils ont en outre remarqué avec intérêt les modifications que la voix de la personne soumise à l’expérience dans le récipient subit, soit par la condensation, soit par la raréfaction de l’air. À mesure que la pompe joue pour raréfier l’air, la voix perd de son intensité, et acquiert sous l’influence de la paroi vibrante qu’elle traverse, un caractère étrange. Dans le cas de condensation, elle prend au contraire un éclat, un timbre métallique très prononcé, et non moins extraordinaires.

On voit que ces résultats coïncident avec ceux qui ont été recueillis soit sur le sommet des hautes montagnes ou dans les ascensions aérostatiques, soit dans les mines profondes, ou sous la cloche à plongeur. Nul doute que renfermé dans l’appareil de M. Junod, où l’air condensé ou raréfié se renouvelle sans cesse par un mécanisme très simple, on ne puisse avoir la plupart des sensations qu’éprouvent les aéronautes quand ils s’élèvent à une certaine hauteur, et un instant après une partie de celles qui naissent sous la cloche à plongeur.

Tel est l’appareil avec lequel M. Junod augmente ou diminue sur le corps entier, et par conséquent sur les surfaces cutanées et pulmonaires, la pression de l’atmosphère. C’est en agissant à la fois sur les deux surfaces que son appareil diffère de ceux qui ont été imaginés en Angleterre par MM. Murray et Clanny ; ces derniers portent exclusivement leur action sur la peau, le poumon restant en libre communication avec l’air extérieur par un tuyau séparé.

Toutefois, sous le point de vue médical, cet appareil ne paraît jusqu’ici susceptible d’aucune application, mais placé dans un cabinet de physique, il pourrait fournir l’occasion d’expériences curieuses et d’observations utiles.

Il n’en est pas de même des instrumens que M. Junod propose pour opérer le vide autour des membres ou pour y condenser l’air. Ces instrumens sont entre nos mains depuis près d’un an, et l’un de vos commissaires en a fait un fréquent usage à l’Hôtel-Dieu de Paris dans le traitement de plusieurs maladies graves.