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jeunesse, non pas le spectacle fréquent du génie accueilli, honoré, récompensé ; mais attaqué, mais persécuté, mais proscrit, comme Galilée, comme le Dante, comme Machiavel. « Cette lutte persévérante, dit-il, ce grand drame intellectuel, m’ont paru renfermer de hautes leçons de morale, utiles surtout dans des temps où le découragement et le suicide suivent de si près le moindre désappointement des jeunes gens. » Il est beau de voir la plus austère des sciences offrir ses mâles remèdes à la jeunesse empoisonnée par une littérature délétère, et présenter aux âmes généreuses, pour espérance qui les rattache à la vie, l’ambition sublime de mériter l’ingratitude et l’outrage de nos contemporains, à force de services et de gloire.

L’analyse transcendante continue d’être cultivée, agrandie par l’héritier scientifique des Laplace et des Lagrange. M. Poisson recule les bornes d’un genre de recherches qu’ont abordé tour à tour et ces deux géomètres, et Legendre et M. Biot parmi les Français, Ivory et Gauss parmi les étrangers ; c’est l’attraction des ellipsoïdes homogènes, quelle que soit la position du point attiré.

Il traite à nouveau le mouvement de la Lune autour de la Terre, sujet traité successivement par les plus grands mathématiciens depuis Newton jusqu’à Laplace et par MM. Plana, Garlini, Damoiseau. Pour résoudre les plus graves difficultés de cette matière, l’auteur cherche des moyens de solution dans la méthode si générale et si féconde de la variation des constantes arbitraires ; méthode qu’il a complétée presqu’au moment où Lagrange, septuagénaire, érigeait ce dernier monument de son génie.

Il aborde le calcul même des variations, la grande découverte analytique du 18e siècle, qui laissait encore à désirer la solution d’un cas général et très difficile ; c’est la variation des intégrales doubles, en considérant d’une manière complète les termes de cette variation qui correspondent aux deux limites. Il remplit cette lacune et fournit des moyens nouveaux d’appliquer aux questions de mécanique et de physique cet admirable calcul.

La théorie générale des mouvements d’un corps solide est devenue l’objet des études simultanées de deux géomètres puissants, l’un par les ressources de l’analyse, l’autre par celles de la géométrie. Le premier, dont nous venons de rappeler les grands travaux, est resté digne de lui-même en prouvant la fécondité de sa méthode favorite. Le second, M. Poinsot, inventeur des nouveaux polyèdres réguliers, et créateur de la théorie des couples, qui change la face de la statique et de la mécanique, entreprend de traiter par la seule géométrie les questions transcendantes du double mouvement des corps, la translation et la rotation. Qu’on se figure les axes instantanés de