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les ouvriers à respirer un air chargé de poussières insolubles. Si, dans de certains cas, le remède est difficile, il en est d’autres où l’on réussirait, à coup sûr, soit en tamisant l’air au travers d’une toile incessamment mouillée, comme l’indique notre confrère, M. Thénard, soit par quelque méthode analogue. Les inconvénients de ces poussières sont tels, que l’Académie ne pourrait hésiter à accueillir avec intérêt tout moyen simple et pratique propre à mettre les ouvriers à l’abri de leur funeste influence.

Les personnes qui connaissent tous les effets résultant de la préparation et du maniement de quelques substances métalliques vénéneuses, et en particulier des poussières ou dissolutions plombeuses, dans les manufactures de céruses, comprendront toute la sollicitude de votre commission pour les ouvriers de plus en plus nombreux, que le développement de ces usines fait participer au danger qu’elles offrent. Nous croyons que l’Académie serait heureuse d’apprendre que l’appel de la commission fît découvrir quelque méthode de fabrication, ou quelque appareil, de nature à faire disparaître la colique de plomb de ces usines ou à diminuer le nombre des malades.

Votre commission ne peut hésiter à regarder comme très dignes des encouragements de l’Académie, tous les procédés qui tendent à préserver les ouvriers du contact habituel de l’eau, soit sur les mains, soit sur les pieds, et en général des moyens quelconques propres à les soustraire à l’influence si fâcheuse d’un séjour prolongé dans des ateliers humides et non aérés, pourvu que ces procédés ou moyens aient le caractère d’originalité nécessaire pour constituer une invention.

Enfin, votre commission entrant du reste dans les vues de celles qui l’ont précédée, classe nettement, parmi les objets qui doivent l’occuper, tout ce qui se rattache à l’hygiène publique. Les grandes questions qu’elle présente ne sont plus au-dessus des ressources de la science, et l’Académie a pu voir tout récemment, au sujet d’une des questions les plus simples, la filtration des eaux en grand, combien il reste encore à faire dans cette direction.

En appelant l’attention des manufacturiers ou celle des ingénieurs sur ces divers points, votre commission n’a point voulu dire que les autres découvertes fussent accueillies avec moins d’intérêt. Elle a cherché seulement à exciter une louable émulation parmi les hommes en état d’inventer des choses utiles, en même temps qu’elle a voulu faire comprendre aux personnes éclairées qui habitent les pays d’usines, toute l’utilité des renseignements officieux qu’elles pourraient procurer à l’académie. Elle