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quelque projet attaché à ces sortes de découvertes, suffisent aux inventeurs, sans qu’il soit nécessaire de les stimuler par des récompenses honorifiques ? Serait-ce plutôt que les dispositions du testament de M. de Montyon n’ont pas encore reçu toute la publicité désirable, ou bien qu’elles ont été mal comprises ?

S’il fallait choisir entre ces deux opinions, nous n’hésiterions pas à préférer la dernière. Chacun sait qu’il existe dans les arts ou métiers des conditions d’insalubrité. Les progrès de la science, le goût de la propreté et de l’aisance qui se répand dans les classes pauvres, tout tend à rendre plus faciles, plus nécessaires et plus nombreuses, les améliorations hygiéniques qu’elles exigent. Les membres de vos commissions vont tous les ans chercher des inventeurs qui ne s’étaient pas présentés, et viennent appeler vos suffrages sur leurs découvertes. Tout indique donc, tout prouve même que l’institution du prix qui nous occupe n’est point encore assez connue de la classe qu’elle concerne essentiellement, et que son bénéfice ne deviendra complet qu’à l’aide du temps et avec le secours de la presse éclairée.

Quoi qu’il en soit, votre commission regarde comme un devoir, de sa part, de provoquer ce concours des hommes de bien qui habitent les pays manufacturiers et qui peuvent signaler à l’Académie des découvertes que la nécessité amène si souvent dans l’intérieur des usines, et qui malheureusement restent si souvent ignorées au dehors.

Votre commission pense également qu’il est de son devoir de déclarer que l’Académie examinerait avec une sollicitude particulière et un vif intérêt quelques améliorations hygiéniques qui lui semblent possibles, et dont l’importance et la nécessité ne sont que trop évidentes.

Elle place en première ligne tout ce qui tendrait à rendre moins insalubre le travail des enfants dans les usines où ils sont employés. Car, s’il existe des causes d’insalubrité manifestes dans certaines opérations industrielles, combien leur action n’est-elle pas plus funeste quand elle s’exerce sur de jeunes organes ? Tout en rendant justice aux sentiments d’humanité qui dirigent presque toujours les grands propriétaires d’usines, qui peut voir, cependant, sans être ému de pitié, ces populations manufacturières où l’enfance, condamnée à un travail anticipé, s’énerve et s’étiole, faute d’air, de lumière ou d’exercice ? Qui peut songer à l’avenir de ces enfants déjà souffrants, sans désirer qu’une main amie vienne améliorer les conditions de leur existence ?

Votre commission croit ensuite devoir appeler l’attention sur les inconvénients sanitaires si graves attachés à toutes les professions qui obligent