Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/522

Cette page a été validée par deux contributeurs.

RAPPORT SUR UN MÉMOIRE DE M. GAUDICHAUD,
Relatif au développement et à l’accroissement des tiges, feuilles et autres organes des végétaux.

Quand on a recueilli un grand nombre de faits, qu’on les a vus sur toutes leurs faces, qu’on les a comparés entre eux, notant avec soin leurs ressemblances et leurs différences, on se sent tourmenté du besoin de rechercher les lois de leur existence, de généraliser celles qui sont susceptibles de l’être, et de les formuler en théorie. Sans doute la prudence voudrait souvent qu’on s’en tînt à la simple exposition des faits ; mais nous ne saurions nier qu’il ne soit très utile pour la science, que ceux qui les ont découverts, s’appliquent à nous en montrer la liaison et la subordination. Les observations exactes ne tardent guère à obtenir l’assentiment de tous ; les théories, au contraire, sont sujettes à de longues contestations. Dans ce conflit d’opinions diverses, les partis opposés mettent en présence tous les faits connus, leur font subir l’épreuve d’un examen plus rigoureux, en découvrent d’autres qui avaient échappé aux précédentes recherches. Or les faits nombreux et bien observés sont ce qui constitue essentiellement le fonds incommutable de la science. Ainsi, quelle que soit l’issue de la lutte, il y a conquête au profit de l’esprit humain, et les vainqueurs et les vaincus ont souvent des droits égaux à l’estime publique.

Ces réflexions nous sont suggérées par la lecture du travail que M. Gaudichaud a adressé à l’Académie, travail qui, d’une part, se compose d’une multitude de faits nouveaux, d’observations fines, et d’inductions aussi justes qu’évidentes ; et de l’autre offre une théorie générale qui s’appuie sur celle de Dupetit-Thouars, et en agrandit considérablement la base. Les faits matériels sont certains ; la théorie qui les généralise et prétend les expliquer est encore en question. De La Hire l’imagina sans l’étayer de preuves ; Dupetit-Thouars, en rassemblant toutes les observations qui lui parurent propres à le justifier, lui donna une existence scientifique ; Agardh s’appliqua à la concilier avec les opinions reçues, et tout récemment, Lindley, excellent observateur, esprit judicieux et grave, vient de la fortifier de tout le poids de son approbation. Mais il faut convenir qu’elle compte encore au moins autant d’adversaires que de partisans. M. Gaudi-