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» Cela étant admis, on conçoit la possibilité de séparer complétement la lumière de la chaleur. C’est aussi ce que j’ai obtenu, tant pour les feux terrestres que pour les rayons solaires. Le procédé de séparation est extrêmement simple : il consiste à faire passer le rayonnement des sources lumineuses, par un système de corps diaphanes qui absorbent tous les rayons lumineux : les seules substances que j’aie employées jusqu’à présent, sont l’eau et une espèce particulière de verre vert coloré par l’oxide de cuivre. La lumière pure émergente de ce système, contient beaucoup de jaune et possède cependant une teinte verte bleuâtre : elle ne donne aucune action calorifique sensible, aux thermoscopes délicats, lors même qu’on la concentre par des lentilles de manière à la rendre tout aussi brillante que la lumière directe du soleil. »

Après avoir fait ressortir ce qu’il y a de capital dans l’expérience à l’aide de laquelle M. Melloni prouve que les rayons solaires peuvent, en conservant toutes leurs propriétés lumineuses, perdre, au contraire, toutes leurs facultés calorifiques, M. Arago remarque qu’il y a un autre point de vue sous lequel la question pourrait être envisagée. Suivant lui, il serait important de rechercher si les procédés employés par M. Melloni, ou si des moyens analogues, ne conduiraient pas à priver aussi les rayons solaires de leurs facultés chimiques ; si, en un mot, des trois propriétés que possède la lumière quand elle nous arrive du soleil : 1o. celle d’éclairer ; 2o. celle d’échauffer ; 3o. celle de détruire ou de déterminer des combinaisons chimiques, on ne pourrait pas lui enlever les deux dernières, et ne lui conserver que la propriété éclairante.

« Cette expérience, ajoute M. Arago, me semble devoir conduire à des conséquences curieuses, et j’ai presque cédé, la semaine dernière, à la tentation de la faire. Mais comme il serait possible que M. Melloni y eût aussi pensé, quoiqu’il n’en parle pas dans son mémoire, il m’a paru que je ne devais donner aucune suite à mon projet avant d’avoir consulté le savant physicien italien. »

M. Biot prend la parole et dit : « Que l’expérience proposée par M. Arago, lui semble déjà indiquée dans le rapport fait par la commission qui a été chargée d’examiner l’ensemble des travaux de M. Melloni sur la chaleur rayonnante. »

Après une explication amicale et toute scientifique entre M. Biot et M. Arago, il a été reconnu, d’un commun accord, que l’expérience indiquée comme désirable dans le rapport de la commission, a un but diffé-