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dans diverses proportions d’eau distillée, à des températures comprises entre 22° et 26° centésimaux (telles que l’ont été dernièrement les températures ordinaires), si l’on fait traverser ces diverses solutions par un rayon polarisé d’une réfrangibilité fixe, tel que le donne par exemple un verre rouge coloré par le protoxide de cuivre, on observe les phénomènes suivans :

» 1o. Pour chaque dissolution, observée à diverses épaisseurs, le plan primitif de polarisation est dévié vers la droite, d’une quantité angulaire exactement proportionnelle au poids d’acide que le rayon a traversé.

» 2o. Mais l’étendue absolue de cette déviation, pour le même poids d’acide, varie selon les proportions d’eau que la solution contient. Depuis la limite de jusqu’à d’acide dans l’unité de poids de la dissolution, la déviation du rayon, pour un poids égal d’acide traversé, croît avec la proportion d’eau, et dans un rapport qui lui est sensiblement proportionnel.

» Le premier de ces phénomènes montre que, dans chacune des solutions dont il s’agit, la déviation totale du rayon est la somme des déviations élémentaires successivement opérées par les groupes atomiques d’acide aqueux que le rayon a traversés.

» Le second phénomène, c’est-à-dire la variation de la rotation à poids égal d’acide traversé, quand la proportion d’eau est différente, montre que le pouvoir de rotation moléculaire de l’acide croît avec la quantité d’eau dans laquelle il est dissous ; et par conséquent cette eau influe sur la constitution des groupes atomiques qui produisent la rotation.

» Il n’y a donc pas ici un simple mélange, mais une combinaison véritable, puisque les propriétés individuelles des groupes atomiques se trouvent modifiées par leur présence simultanée en telle ou telle proportion.

» Le temps ne m’a pas permis de suivre ces expériences pour des proportions d’acide moindres que  ; et ainsi je n’ai pas encore pu constater si le pouvoir de rotation moléculaire de l’acide continue de croître proportionnellement à la proportion d’eau mêlée avec lui, ou si cet accroissement se ralentit à de grands degrés de dilution de manière à dégénérer en un pouvoir de rotation constant. Cette dernière supposition me paraît la plus vraisemblable ; mais je saurai si elle est vraie avant que ce paquet soit ouvert.

» Les combinaisons de l’acide tartrique avec des bases solides, même avec l’acide borique, donnent des produits doués de rotation vers la droite ; mais l’intensité relative de ces rotations pour les différens rayons simples, rentre dans la loi générale de ce phénomène à laquelle l’acide tartrique