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En vertu de cet ordre, les consuls firent boucher les trous creusés sur le territoire du Barret, et vingt-deux jours après l’opération, les eaux des bains de Sextius augmentèrent des trois quarts, et plusieurs sources entièrement taries, celle de Grioulet, par exemple, recommencèrent à couler.

En mai 1722, Vauvenargues ayant été remplacé, les propriétaires dépossédés percèrent souterrainement l’ouvrage qui avait été construit l’année précédente, et aussitôt on vit les sources chaudes de la ville diminuer ou même tarir entièrement.

En juillet 1822[sic], les brèches furent réparées à la diligence du procureur-général, et les habitans d’Aix virent reparaître leurs eaux. Les choses restèrent dans cet état pendant cinq ans ; mais en 1827[sic], les habitans des moulins du Barret pratiquèrent clandestinement une nouvelle ouverture au batardeau construit en 1822[sic]. On n’eut encore connaissance de ce méfait que par la diminution des eaux. Pour faire acte définitif de propriété, la ville fit ériger en 1729, sur le terrain où l’intérêt privé livrait un combat si persévérant à l’intérêt général, une pyramide en pierre de taille.

Aux détails que nous avons donnés pour établir que les eaux de la pyramide du Barret alimentent les sources chaudes de la ville d’Aix, nous ajouterons que M. Dauphin, serrurier, assurait, en 1812, à M. Robert, médecin de Marseille, avoir été témoin d’une expérience qui établissait le fait d’une manière incontestable : on délaya, disait-il, de la chaux dans le bassin de la pyramide, et les eaux du Cours et de Mennes devinrent laiteuses !

Sous la pyramide du Barret, le liquide occupe un bassin construit également en pierre, de 16 pans de long sur 9 de large.

En juin 1812, M. Robert y fit descendre deux hommes pour prendre la température de l’eau : ils trouvèrent +17°. À la même époque, les bains de Sextius étaient à +29°.

Il paraît donc constaté que les eaux froides de Barret deviennent, du moins en majeure partie, les eaux chaudes d’Aix, en traversant le court espace qui sépare ces deux points, c’est-à-dire une distance horizontale qui, dans les mémoires judiciaires dont nous avons donné l’extrait, est évaluée à environ mille pas géométriques.

On aura sans doute remarqué les mots en majeure partie dont nous venons de nous servir ; ils signalent, en effet, nettement la question qui reste à résoudre. Si l’on parvenait à prouver que toute l’eau chaude des bains de Sextius, provient de l’eau froide du bassin de Barret ; que le phénomène ne consiste pas seulement dans un mélange qui pourrait s’o-