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M. Arago s’est décidé à la prier d’écrire à MM. les ministres de l’Intérieur et de l’Instruction publique, et pour justifier sa demande, il a expliqué l’objet des expériences auxquelles M. de Freycinet a bien voulu promettre de se livrer. Voici un aperçu de cette communication verbale :

La ville d’Aix, en Provence, renferme des bains d’eau thermale, connus sous le nom de bains de Sextius. Ils sont entourés d’un édifice dont la construction fut terminée en 1705. La source était jadis si abondante que dans les deux derniers mois de cette même année 1705, elle pourvut amplement aux besoins de plus de 1000 baigneurs. Les eaux coulaient à plein jet par neuf tuyaux d’une fontaine et par neuf robinets de bains. Dès l’année 1707, une diminution commença à se manifester ; en peu de mois elle fit de tels progrès que l’établissement fut totalement abandonné.

D’autres sources chaudes existaient dans la ville, au Cours, au jardin des Jacobins, au monastère de Saint-Barthélémy, à la Triperie, au Grioulet, à l’hôtel de la Selle d’or (hôtel des Princes), etc. ; au fond de certains puits tels que celui du sieur Boufillon (au coin de la rue des Marchands) et les puits des tanneurs. Ces diverses sources diminuèrent comme celle de Sextius et même plus rapidement. Plusieurs, et dans le nombre les sources des Jacobins, de Saint-Barthélémy, de la Triperie, du Grioulet, tarirent complétement.

Pendant que s’opérait l’appauvrissement et même la perte complète de plusieurs fontaines d’Aix, quelques individus mettaient à profit, pour leur usage particulier, des sources extrêmement abondantes qu’ils avaient découvertes en creusant à une petite profondeur dans des propriétés situées à peu de distance de la ville, au territoire du grand et du petit Barret. L’idée que ces nouvelles eaux étaient précisément les anciennes eaux de la ville, se présenta de bonne heure à l’esprit de plusieurs personnes ; mais l’impossibilité de prouver catégoriquement le fait, arrêta long-temps l’administration. Enfin, en 1721, pendant la terrible peste de Provence, le docteur Chicoineau de Montpellier ayant jugé convenable d’ordonner des bains aux quarantenaires, Vauvenargues, commandant d’Aix, prit l’arrêté suivant :

« Les bains des eaux chaudes de la ville d’Aix nous ayant paru nécessaires pour laver et purifier les convalescens quarantenaires ; et comme lesdits bains n’ont pas l’eau suffisante pour cet effet à cause de la dérivation qui en a été faite par divers propriétaires voisins de la source, nous ordonnons, pour le bien du service, qu’il sera incessamment travaillé à réduire, etc., etc. »