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divers cantons, et de visiter ceux qui n’avaient pas encore été décrits, pour parvenir à tracer une carte géologique de la France.

» Dans le Corps des mines, on avait constamment en vue l’utilité de cette entreprise, mais il fallait que le gouvernement pût fournir les moyens d’exécution. Ayant été chargé, dès l’année 1802, de professer la géologie à l’École des mines, j’ai fixé constamment mes idées sur cet objet, et je me suis fait un devoir et un honneur de rechercher les meilleurs moyens de réaliser enfin ce grand travail. — En 1811, je présentai au Directeur général des mines un projet d’exécution de la carte géologique ; mais ce projet ne put alors avoir aucune suite, ni dans les années suivantes. »

En 1822, l’occasion parut plus favorable. Le conseil de l’École des mines, en recevant la belle Carte géologique de l’Angleterre, publiée par M. Greenough, qui en avait fait hommage à l’administration des mines, renouvela le vœu qu’un travail semblable fût enfin exécuté en France, le Corps des mines en étant chargé par plusieurs actes du gouvernement. Ce vœu fut accueilli par M. Becquey, alors Directeur général des ponts-et-chaussées et des mines, et M. Brochant de Villiers proposa un plan d’exécution qui fut approuvé par le conseil de l’École et adopté par le Directeur général.

« La marche qui a été suivie a été à peu près conforme à ce projet, dont je vais faire connaître les dispositions principales ; mais pour mieux les faire apprécier je dois d’abord mettre en avant quelques courtes considérations sur les cartes géologiques en général.

» Le but qu’on se propose en traçant ces cartes est de faire connaître la nature du sol dans une contrée ; mais, de même que pour les cartes géographiques ordinaires, les cartes géologiques doivent varier dans leur confection suivant le genre d’utilité auquel elles sont destinées. Des propriétaires, des constructeurs, des exploitants de mines ou de carrières, ont besoin de connaître la nature et la disposition de toutes les couches qui se rencontrent dans un canton, tant les couches solides que les dépôts d’alluvions anciennes ou modernes. Les savans au contraire tiennent bien plus à suivre les diverses formations dans leurs prolongemens sur une grande étendue, afin de pouvoir saisir leurs rapports et les caractères distinctifs, essentiels de chacune d’elles, abstraction faite de toutes les variations locales accidentelles. Il faut à ces derniers une carte générale, et aux autres des cartes de détail ; celles-ci devant être nécessairement sur une échelle beaucoup plus grande que la première.