Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/352

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui y correspondent. Ainsi, lorsque les groupes moléculaires de l’acide tartrique se sont rapprochés au point de se séparer entièrement de l’eau, sans s’être encore agrégés régulièrement, la cristallisation qui succède à cet état confus, condense seulement leur système dans le rapport que nous venons d’assigner ; et cette faible contraction, distribuée sans doute inégalement dans leur masse, suffit pour imprimer au corps solide qui en résulte sa forme extérieure, sa structure interne, la double réfraction à deux axes, et toutes les autres propriétés spéciales qu’on observe dans l’acide tartrique cristallisé.

» La relation hyperbolique fait connaître encore quelle est, pour chaque température, la limite de moindre distance où les groupes acides puissent se maintenir dans l’eau à l’état liquide, en sorte que, rapprochés un peu davantage, leur attraction mutuelle suffise pour les rappeler les uns vers les autres et les ramener finalement à l’état solide, en excluant toute l’eau interposée entre eux. Pour en donner un exemple, j’avais formé à la température de 13°,5 une solution d’acide tartrique exactement dosée, où la proportion pondérale d’acide rapportée à l’unité de poids était 0,549692. Elle était alors parfaitement limpide ; mais la température ayant baissé progressivement, elle commença à précipiter ; et à +8° elle avait déjà donné un dépôt sensible quoique très faible. Les groupes moléculaires de la partie limpide se trouvaient donc alors à la distance limite de leur liquéfaction dans l’eau pour cette température-là. Je décantai cette partie ; et, ayant pris sa densité apparente 1,30375, je trouvai, par la relation hyperbolique propre à 8°, qu’elle répondait à la proportion d’acide 0,548134 ; d’où l’on voit qu’il y avait eu moins de deux millièmes de précipité. Or, puisque l’acide de la partie limpide se trouvait uniformément distribué dans tout le volume qu’elle occupait, sa densité propre, dans cet état de dissémination, est la densité observée elle-même, multipliée par la proportion pondérale de l’acide, laquelle a été déterminée plus haut ; et en divisant ce produit par la densité de l’acide cristallisé, observée à cette même température, on aura le rapport inverse des volumes dans ces deux états. Ce rapport se trouve être celui de 9 à 22. Telle est donc la moindre expansion que l’acide tartrique cristallisé doive éprouver dans l’eau à la température de 8° pour y pouvoir exister liquide. Si, alors, la température baissant quelque peu, le système éprouve une contraction, si faible qu’elle puisse être, les groupes moléculaires ne pourront plus rester en équilibre à ce degré de rapprochement ; et un certain nombre d’entre eux devront se réunir à l’état de solidité. Cet effet s’opérera de préférence sur ceux qui se présentent