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c’est dans les trachées nutritives, qui constituent un ordre particulier de ces canaux aérifères qu’elle se passe. De là une importante loi formulée par le grand homme dont la science demeure toujours veuve, par notre immortel Cuvier, qui, après des expérimentations décisives qui l’ont amené à se prononcer sans ambiguïté sur l’absence du cœur et d’une circulation humorale dans les insectes, a dit : Le fluide nourricier ne pouvant aller chercher l’air, c’est l’air qui le vient chercher pour se combiner avec lui.

» Dans mes Recherches anatomiques et physiologiques sur les Insectes hémiptères, travail qui a obtenu la sanction de l’Académie, et dans un autre ouvrage encore plus étendu, qui a eu l’honneur d’être admis au concours actuel des prix Montyon, je me suis clairement expliqué sur la nature et les fonctions de ce que la plupart des naturalistes ont appelé vaisseau dorsal. Je me suis assuré de l’incompatibilité d’une circulation générale d’air avec une circulation de liquide, et j’ai démontré la source des erreurs sur ce point. Je demeure encore aujourd’hui convaincu que le prétendu vaisseau dorsal n’est qu’un organe déchu de toute attribution physiologique, de toute espèce de fonction, qu’il n’est qu’un rudiment, un vestige du cœur des arachnides, qui précèdent les insectes dans le cadre entomologique, et qu’il ne doit compter que pour mémoire dans la série des appareils organiques de ces animaux. Les bornes d’une simple lettre m’interdisent d’autres développemens sur cette question fondamentale, et je rentre dans la spécialité du mémoire de M. Behn.

» Comme lui j’ai constaté, soit avec le microscope simple de M. Charles Chevalier, soit avec le microscope composé de M. Rochette, dont l’usage m’est familier, un mouvement subisochrone dans l’intérieur des pattes des corises vivantes, tantôt plongées dans l’eau, leur élément habituel, tantôt observées à sec dans l’air[1]. Ce mouvement se reconnaît principalement dans la jambe et le tarse des pattes postérieures ; il est à peine sensible dans les pattes intermédiaires ; il l’est davantage dans les antérieures, sans l’être autant que dans les postérieures. Il s’exécute suivant un trajet linéaire, une lisière qui, de l’articulation fémoro-tibiale, se porte directement ou sans inflexion notable jusqu’à l’extrémité du tarse, mais plus rapproché du bord interne, auquel il est à peu près parallèle, que du bord externe. Il n’a jamais lieu d’avant en arrière, ni d’arrière en

  1. Les deux espèces de corises soumises à mes recherches sont : 1oCorixa strigata (Latr., Hist., vol. 12, p. 289). 2oCorixa hieroglyphica (Nob., Recherches anat. etc., sur les Hémiptères, p. 86, pl. 7, fig. 85).