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Tout le monde réveillé en sursaut s’est effrayé d’un tel fracas nocturne, soit à Saint-Bertrand, soit à Loures, à Valcabrère, Izaourt, Anla et dans tous nos environs. La secousse s’est prolongée pendant une minute environ ; elle consistait en un mouvement ondulatoire rapide accompagné d’un bruit souterrain comparable au roulement d’une lourde voiture. La direction de cette secousse, qu’il a été facile de reconnaître à Saint-Bertrand, était de l’est-sud-est à l’ouest-nord-ouest, direction qu’affectent précisément les couches de calcaire compacte du terrain de craie inférieure sur lesquelles Saint-Bertrand est bâti, et qui est aussi celle de la chaîne entière des Pyrénées.

» J’ignore encore si le même tremblement de terre s’est fait ressentir avec les mêmes circonstances dans les lieux plus rapprochés de l’axe de la chaîne et où règnent des terrains plus anciens. Mais puisque la physique et la géologie sont également intéressées à savoir si la direction et l’intensité des secousses souterraines sont en rapport avec la nature et la direction des couches rocheuses qui se montrent à la surface du sol ; puisque d’ailleurs la science ne possède guère encore à cet égard qu’une seule observation due au géologue anglais Labeche, je vais, malgré la neige, tenter une enquête dans la montagne, en remontant jusqu’au terrain primitif. Je m’empresserai de communiquer à l’Académie le résultat de ces recherches, s’il offre quelque intérêt et s’il me paraît pouvoir éclairer la question.

» Je ne dois point terminer cette note sans faire mention d’une seconde secousse ressentie une heure après, mais moins forte et surtout beaucoup moins prolongée. — Je ne connais pas encore de ravages occasionnés par le tremblement de terre de Saint-Bertrand ; cependant quelques pans de muraille dans mon musée ont été dépouillés du plâtre qui les revêtait, ce qui me fait supposer que des constructions moins solides auront dû éprouver de plus graves dégâts.

» Les tremblemens de terre sont fréquens aux Pyrénées, mais celui du 28 octobre s’est fait remarquer par une intensité si extraordinaire, qu’il méritait d’être signalé spécialement et d’être annoté dans les archives de l’Académie. Les habitans de nos montagnes l’ont naturellement attribué au passage de la comète. »