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» Je ne vous fatiguerai pas de plus de détails sur les diverses observations que j’ai faites avec le peroxide de manganèse. Je me bornerai à une seule remarque. M. Becquerel, à qui je communiquai il y a peu de temps, à son passage à Genève, les expériences que je viens de rapporter, me dit avoir observé, en employant des cristaux de peroxide de manganèse formant avec du platine un couple dans l’eau distillée, que pour que le courant soit sensible, il faut attendre un temps plus ou moins considérable ; il paraît que le peroxide se charge et donne lieu, au moment où le circuit est fermé, à un courant instantané. J’ai en effet remarqué que l’effet est beaucoup moins prononcé avec les cristaux réguliers de peroxide de manganèse, qu’avec les morceaux non cristallisés ou à cristallisation confuse ; ce qui est dû à ce que l’action chimique est beaucoup plus faible sur les premiers, ainsi que je m’en suis assuré directement. Mais comme le peroxide cristallisé est un très mauvais conducteur, les très petites quantités d’électricité développées par l’action chimique excessivement faible, mais continue, peuvent s’accumuler sans qu’il y ait recomposition des deux principes, et devenir par conséquent sensibles au bout d’un certain temps. C’est à la même cause que l’on peut attribuer les effets proportionnellement plus intenses, auxquels donne lieu à l’électroscope condensateur le peroxide de manganèse, lors même qu’il n’est soumis qu’à une action chimique très faible ; sa conductibilité imparfaite, qu’il soit cristallisé ou non, empêche la recomposition immédiate des deux principes électriques portés par l’action chimique, l’un dans le corps attaquant, l’autre dans le peroxide : recomposition qui a eu lieu en très grande proportion lorsque c’est un métal qui est attaqué.

» En réfléchissant aux différens phénomènes que m’avait présentés l’action chimique des liquides sur le peroxide de manganèse et sur d’autres minéraux du même genre, j’ai été conduit à examiner de plus près le développement de l’électricité qui accompagne les actions chimiques en général. Je me suis demandé, en particulier, si l’on ne pourrait pas préciser, mieux qu’on ne l’a fait jusqu’à présent, les lois de ce développement, et je crois être parvenu, sous ce rapport, à quelques résultats qui ne me paraissent pas sans intérêt.

» Jusqu’ici, on se contentait de dire que, dans un couple formé de deux métaux plongés dans un même liquide, c’était le métal le plus attaqué qui était positif par rapport à l’autre, c’est-à-dire que des deux courans électriques dus à l’action du liquide sur chacun des métaux, et parcourant le circuit en sens contraire, le plus fort et par conséquent celui qui