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avec le bois ou avec le doigt très sec ; le condensateur s’est chargé alors d’électricité négative : il n’est pas nécessaire de remarquer que le contact du platine et du métal du condensateur n’est pour rien dans la production de cette électricité, qui serait d’ailleurs d’une nature contraire si elle provenait de cette cause. Ainsi donc, il résulte de ce qui précède, que l’action chimique exercée par les corps humides sur le peroxide de manganèse (action qui est probablement dans tous les cas essentiellement désoxidante) dégage de l’électricité ; que la loi de ce dégagement est que l’électricité négative passe dans le corps humide attaquant, et que la positive reste dans le peroxide, d’où elle passe dans les corps non attaquans en contact avec lui.

» J’ai réussi à vérifier, au moyen du galvanomètre, les conséquences que j’avais tirées des indications de l’électroscope condensateur. Une lame de platine a été fixée à l’une des extrémités du galvanomètre ; un morceau de peroxide de manganèse a été mis en communication avec l’autre ; ce couple, plongé dans l’eau et dans différentes solutions acides ou alcalines, a donné naissance à un courant dans lequel le peroxide jouait constamment le rôle de l’élément négatif, c’est-à-dire que c’était de lui que partait l’électricité négative pour entrer dans le liquide, puis dans le platine, et revenir au peroxide à travers le fil du galvanomètre. L’intensité du courant dépendait essentiellement de la nature du liquide interposé entre les élémens du couple : elle était très prononcée avec les acides hydrochlorique et nitrique. On sait que le premier de ces acides, en donnant lieu par son action sur le peroxide de manganèse, à un dégagement de chlore, occasionne une forte désoxidation du peroxide ; en employant l’acide nitrique, on voyait les bulles d’oxigène s’échapper, parce qu’il y avait formation d’un nitrate de protoxide. L’ammoniaque donnait lieu aussi à un courant passablement fort, et il y avait formation d’un composé jaunâtre, qui était probablement un hydrate d’un sous-oxide. Un fait qui prouve l’altération chimique que le peroxide de manganèse éprouve de la part de l’eau, c’est que lorsqu’il est resté quelques jours plongé dans ce liquide, et qu’on le met avec du platine pour former un couple dans de l’acide nitrique étendu, il joue au premier moment le rôle d’élément positif, parce qu’il y a formation immédiate d’un nitrate ; mais une fois que la première couche altérée par l’action prolongée de l’eau a été enlevée par l’acide nitrique, le peroxide redevient négatif, parce que, pour que l’acide nitrique puisse se combiner avec lui, il faut qu’il éprouve une désoxidation, ou qu’il se change en hydrate.