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MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
Économie rurale.Des feuilles du Maclura aurantiaca (Nuttal), comme succédanées de celles du mûrier ; par M. Bonafous, de Turin, correspondant de l’Académie.

Déjà de nombreuses recherches ont été faites pour trouver une plante propre tout-à-la-fois, et à remplacer la feuille du mûrier comme nourriture du ver à soie, et à résister aux gelées tardives du printemps ; gelées qui si souvent suspendent la végétation de cet arbre, et la suspendent au moment même où le ver à soie est sur le point d’éclore. L’auteur de ce Mémoire étant à Montpellier au mois d’avril 1834, remarqua que le maclura aurantiaca, arbre qui, d’ailleurs, a tant de rapports avec le mûrier, résistait à un abaissement de température que ne pouvaient supporter ni le mûrier blanc, ni le mûrier noir, ni le mûrier des Philippines, ni celui de Constantinople ; et il songea aussitôt à s’assurer s’il pouvait être employé à la nourriture du ver à soie.

À cet effet, « il fit éclore des vers à soie d’une variété de Syrie, qu’il venait de recevoir, et, à peine les vers nés, il en forma deux divisions, qu’il nourrit, dans le même local, l’une avec des feuilles du maclura, et l’autre avec des feuilles du mûrier blanc. » Le résultat de cette expérience comparative fut, que les vers nourris avec le maclura eurent d’abord un accroissement plus rapide pendant les deux premiers âges ; mais qu’ensuite ceux nourris avec le mûrier blanc prirent, à leur tour, le dessus, et le conservèrent jusqu’à la montée. Néanmoins, et ceci est le point important de l’expérience, quoique en retard de sept à huit jours, les premiers, les vers nourris avec le maclura, ont formé des cocons d’une structure régulière et d’un tissu aussi ferme que ceux des vers nourris avec les feuilles du mûrier.

M. Bonafous en conclut que le maclura aurantiaca, sans offrir au même degré les qualités qui rendent le mûrier si propre à l’éducation des vers à soie, a toutefois sur lui le précieux avantage de pouvoir résister à des degrés de froid que celui-ci ne peut supporter. Dans les cas où le mûrier se trouve atteint par la gelée, il pourrait donc, du moins pour un certain temps, et jusqu’à ce qu’il eût poussé ses secondes feuilles, être remplacé par le maclura. C’est un point qui ne peut manquer d’appeler l’attention des agriculteurs qui s’occupent de la production de la soie. Un