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la nébulosité, trois secteurs distincts. Le plus faible et le plus délié des trois était situé sur le prolongement de la queue. Le 23 octobre, il n’existait plus aucune trace de secteurs. La comète avait tellement changé d’aspect ; le noyau, jusqu’à cette époque si brillant, si net, si bien défini, était devenu tellement large, tellement diffus, qu’on ne croyait à la réalité d’une variation aussi grande, aussi subite, qu’après s’être assuré qu’aucune humidité ne recouvrait ni l’oculaire ni l’objectif. Le noyau occupait, peut-être, comme les jours précédens, le centre de la chevelure, mais la région orientale de cette nébulosité était certainement beaucoup plus vive que la partie opposée.

Dès les premiers momens de l’apparition de la comète, M. Arago avait indiqué une méthode photométrique qui, bien appliquée, semblait devoir conduire à décider si ces astres empruntent leur lumière au soleil ou s’ils sont lumineux par eux-mêmes. Cette méthode avait cela de particulier, qu’elle n’exigeait pas que le volume de la comète restât constant : il suffisait que les changemens s’opérassent avec une certaine régularité. Or, sous ce rapport, la comète de Halley se trouve dans un cas tellement exceptionnel ; ses variations d’intensité sont si brusques, si imprévues, si bizarres, qu’il y aurait une grande témérité à essayer de déduire quelque conséquence exacte, d’observations qui, dans les circonstances ordinaires, conduiraient certainement au but. M. Arago y a donc renoncé pour cette fois ; mais, en même temps, il a essayé de résoudre le problème à l’aide des propriétés de la lumière polarisée. Quelques explications très courtes, feront comprendre ce dernier moyen d’investigation.

Toute lumière directe se partage constamment en deux faisceaux de même intensité, quand elle traverse un cristal doué de la double réfraction ; toute lumière réfléchie spéculairement, donne, au contraire, dans certaines positions du cristal à travers lequel on l’a fait passer, deux images d’intensités dissemblables, pourvu, cependant, que l’angle de réflexion n’ait pas été de 90°. Théoriquement parlant, rien ne semble donc plus facile que de distinguer la lumière directe de la lumière réfléchie ; mais dans l’application il n’en est pas ainsi : sous certains angles de réflexion pour divers corps, et sous tous les angles pour d’autres natures de corps, la différence d’intensité des deux images est inappréciable à nos organes. Il faut ajouter que les seuls rayons régulièrement réfléchis, changent ainsi de nature (se polarisent) dans l’acte de la réflexion ; que ceux, au contraire, qui, après s’être pour ainsi dire identifiés avec la substance des corps, font voir cette substance de tous les côtés, conservent avec la lumière directe, la propriété de