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NOTICE
Sur la vie et les ouvrages de M. John Brinkley, correspondant de l’Académie des Sciences.

La vie scientifique de Brinkley s’étant passée presque tout entière à Dublin, on croit généralement que ce grand astronome était Irlandais ; mais c’est une erreur : Brinkley naquit en Angleterre, et de parens anglais. Il fit ses études au Caïus college de Cambridge, où d’éclatans succès le signalèrent de bonne heure à l’attention des amis des sciences. Dans un concours pour la plus haute dignité universitaire qui puisse être accordée aux élèves, celle de Senior Wrangler, il l’emporta sur tous ses concurrens au nombre desquels se trouvait Malthus, devenu depuis si célèbre par le grand ouvrage sur la population. Pourvu bientôt après d’un Fellowship, Brinkley se livra avec ardeur à l’enseignement, dans ce même Caïus college, dont il avait, comme élève, augmenté la renommée.

En quittant Cambridge, il alla occuper, à l’université de Dublin, la chaire d’astronomie devenue vacante par la mort de Uscher. Les archives de l’Observatoire, les mémoires de l’Académie d’Irlande, les transactions de la Société Royale de Londres ont recueilli les fruits précieux de son zèle infatigable. Dans chacun des écrits de Brinkley, on trouve l’historien fidèle, l’ami sincère de la vérité, l’observateur exact, le profond mathématicien. Également fiers du savoir et du caractère d’un tel collégue, les académiciens irlandais le placèrent à leur tête, avec le titre de président perpétuel. Dans l’année 1827, le gouvernement lui-même donna à Brinkley la plus haute marque de confiance : il le nomma évêque protestant de Cloyne. Ce siége épiscopal avait déjà été occupé par un homme célèbre, par le métaphysicien Berkeley. Ses revenus sont très considérables. On dut certainement regretter que Brinkley consentît à échanger contre des biens périssables attachés à la dignité ecclésiastique, les découvertes scientifiques qui l’attendaient dans sa première carrière ; en tout cas, aucun de ceux qui le connaissaient ne lui fit l’injure de voir dans son acceptation, autre chose qu’un acte de conscience. À partir du jour où il fut revêtu de l’épiscopat, l’homme dont toute la vie avait été consacrée, jusque là, à la contemplation du firmament et à la solution des questions sublimes que recèlent les mouvemens des astres, divorça complétement avec ces douces, avec ces entraînantes occupations, pour se livrer sans partage aux devoirs de sa