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considérer : Quand on ouvre et ferme le circuit à de courts intervalles, l’aiguille magnétique de l’appareil reste en repos ; dans le cas, au contraire, où la solution de continuité a existé pendant plus de cinq minutes, l’aiguille se dévie au moment de la fermeture du circuit ; l’angle qu’elle parcourt croît avec la durée de l’interruption, mais la déviation ne subsiste que quelques instans. Cette augmentation d’effet a probablement une limite, déterminée par la force avec laquelle les électricités tendent à s’échapper des corps à la surface desquels elles se sont accumulées. M. Becquerel annonce, au surplus, des expériences qui montreront à tous les yeux, jusqu’à quel point il est permis d’assimiler les surfaces de la lame de platine et du cristal de peroxide de manganèse, à la couche isolante du condensateur.

L’instantanéité de la décharge, dans les expériences dont nous venons de rendre compte, n’a plus lieu quand la portion immergée du cristal a une grande étendue, c’est-à-dire, plusieurs centimètres carrés, par exemple. Suivant M. Becquerel, le peu de conductibilité du minéral ne permet pas alors à toute l’électricité intermoléculaire de s’écouler subitement.

M. Becquerel ayant plongé dans l’eau, mais seulement à moitié, un morceau de peroxide de manganèse composé de cristaux groupés irrégulièrement, a pu reconnaître, à l’aide des deux fils du condensateur promenés successivement sur toutes les parties de ce groupe cristallin, comment l’électricité s’y trouve distribuée. Peu de temps après l’immersion, les points non mouillés, mais les plus rapprochés de la portion immergée, possèdent l’électricité négative ; les points les plus éloignés du liquide, l’électricité positive. Il existe, comme de raison, des points neutres ou privés de toute trace d’électricité, entre les points négatifs et les points positifs. Un cristal de peroxide de manganèse à moitié plongé dans l’eau, devient donc, quant à ses propriétés électriques, une sorte de tourmaline[1].

La place que le peroxide de manganèse, l’anthracite, la plombagine,

  1. Depuis la communication faite à l’Académie, M. Becquerel ayant répété cette expérience, a conçu que l’effet observé pourrait être attribué à une couche d’humidité excessivement mince qui adhérerait à la surface du cristal dans la portion inférieure voisine du liquide, tandis que l’autre partie en serait exempte. En appliquant, en effet, à deux points très voisins du peroxide de manganèse, les deux bouts du fil du multiplicateur, il obtenait les effets décrits dans le texte, toutes les fois que l’un de ces bouts venait d’être plongé dans l’eau et quoique avant d’opérer on l’eût essuyé.