Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à la matière médicale, M. Civiale ne l’a point abordée, et ce silence, nous nous garderons bien de lui imputer à blâme. Nous dirons cependant ici qu’à la fin de son travail, M. Civiale jette en passant quelques lignes de réprobation et comme de mépris sur les efforts scientifiques qui auraient pour objet la dissolution intestine des calculs. Nous ne saurions ni approuver ni partager une telle façon de penser : nous voulons avoir foi tout ensemble et dans les ressources de l’esprit humain, et dans l’avenir de la science. Entre la pensée d’Albucasis, auquel il faut très probablement rapporter l’idée mère d’écraser la pierre dans la vessie, et cette importante opération, réalisée pour la première fois sur le vivant et définitivement inscrite dans la science et dans l’art par M. Civiale, il s’est passé d’abord cinq à six siècles ; ensuite beaucoup de vains efforts ; sans doute aussi quelques sarcasmes et non moins d’incrédulités : tout cela n’a point empêché la découverte. Peut-être en serait-il ainsi pour les lithontriptiques ; que l’Académie en attendant laisse espérer d’amples récompenses à celui qui aura le plus tôt atteint ce but. C’est surtout en faveur de semblables travaux que furent instituées et que doivent être réservées les fécondes générosités de M. de Montyon.

» C’est donc exclusivement entre l’opération par les instrumens tranchans, et l’opération par le broiement que M. Civiale a voulu porter la comparaison.

» Déjà plusieurs fois, dans l’histoire de l’art, on a invoqué la puissance des chiffres pour apprécier la valeur relative des procédés les plus marquans employés dans les limites de la deuxième méthode, celle qui se compose toujours d’une opération par les instrumens tranchans. Mais ces supputations comparées, faites sur des bases peu exactes, ne sauraient prendre place dans la science. Les 4,500 opérations attribuées à frère Jacques ; les 1,547 de Raw ; les 316 de Baseillac ; les 310 de Lecat ; les 150 de Pouteau, sur lesquelles on s’est si souvent appuyé pour proclamer la supériorité des procédés employés par ces praticiens, sont pour la plupart des faits sans authenticité, sans détails, sans contrôle, sans valeur.

» Plus tard d’autres travaux analogues ont été publiés. Nous citerons ceux des docteurs Marcet, Smith, Prout, Yelloli ; mais M. Civiale a toute hâte de le reconnaître : pour ces faits-là aussi, détails suffisans, précision désirable, critique raisonnée, appréciation relative, tout manque ; et l’on tomberait dans des erreurs graves, si, d’après ces tableaux, on prétendait déterminer avec quelque rigueur les proportions numériques de la mortalité à la suite de la taille.