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COMMERCE DU PAPYRUS EN GAULE

aussi, lui surtout avait disparu du commerce à l’époque carolingienne, et le fait qu’il figure dans notre document suffirait à lui seul pour faire reporter celui-ci à cent ans au moins avant 822.

Replacé en son temps, le texte corbien ajoute de précieuses indications aux données si fragmentaires que nous possédons sur le commerce du papyrus à l’époque mérovingienne. Si en effet, on pouvait acheter du papyrus à Cambrai, c’est-à-dire à l’extrême nord de la Gaule, jusqu’au commencement du viiie siècle, on sera obligé d’admettre qu’il en était de même, à plus forte raison, de tous les autres marchés du royaume. Manifestement le papyrus, concentré en gros à Marseille, alimentait dans toute la monarchie franque un commerce de détail rayonnant jusqu’aux extrémités du territoire. On en trouvait partout parce que le besoin s’en faisait partout sentir. Celui dont il est question dans le texte de Corbie ne servait probablement pas à l’écriture. On a vu plus haut qu’à cet égard, les moines se fournissaient directement à Marseille. Le papyrus qu’ils achetaient au marché de Cambrai ne devait servir qu’à fabriquer des mèches de chandelles. C’est ce que l’on peut supposer vraisemblablement en observant qu’il paraît bien avoir été acquis régulièrement en même temps que du suif (sevrum = seburum).

L’importation de papyrus a certainement cessé comme celle des épices, et pour la même raison, au commencement du viiie siècle. En ceci, les constations de la diplomatique et celles de l’histoire économique sont entièrement d’accord et se confirment mutuellement. Le papyrus était devenu déjà assez rare à la fin du viie siècle, puisque la chancellerie royale en abandonna l’emploi après cette date. Depuis lors, il dut aller en se raréfiant sans cesse parce que les stocs qui en existaient dans le pays durent s’épuiser rapidement faute d’une alimentation suffisante par le commerce. À en croire le privilège de Corbie, il devait être