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La Sœur. — Oh ! non, monsieur le directeur. Mon temps appartient d’abord aux malades. C’est le surplus seulement que j’emploie à prier.

Le Directeur. — Mais il y a quelques années encore, c’étaient des religieuses qui étaient chargées de cet hospice ?

La Sœur. — J’avais l’honneur d’être leur supérieure.

Le Directeur. — Allons donc ! Je savais bien que j’arriverais à vous faire parler, à faire tomber votre masque.

La Sœur. — Mais je n’ai pas de masque, monsieur le directeur.

Le Directeur. — Et ce nom : Mlle Alice… et ce vêtement séculier ?

La Sœur. — On ne nous a pas laissé le choix.

Le Directeur. — Enfin, vous êtes démasquée. (Railleur.) Sœur Prudence ! Vous n’en avez peut-être pas eu tout à fait assez de prudence !

La Sœur. — En quoi, monsieur le directeur ?

Le Directeur. — Parce que demain, s’il me plaît, et il me plaira, vous quitterez cette maison.

La Sœur. — Je suis entre les mains de Dieu comme un fétu de paille.

Le Directeur. — Et entre les miennes aussi et je ne pardonne pas.

La Sœur. — Je vous plains, monsieur le directeur.

Le Directeur. — Et pourquoi, s’il vous plaît, madame le supérieure ?

La Sœur. — Parce que vous ne savez pas pardonner. D’ailleurs, que vous ai-je fait ? Ai-je manqué à mon service ? Faites venir tous