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de quelques jours, je le voyais nerveux et je sentais qu’il avait envie de s’en retourner à la besogne aimée.

Pendant dix ans nos vies furent donc moins mêlées, sauf au printemps de 1871. Quand je rentrai d’Angleterre où j’avais passé quelques mois, je le trouvai très changé. La guerre avait fait sur lui une impression profonde ; son sang de « vieux Latin » se révoltait à ce retour de barbarie. Obligé de fuir sa maison, car il n’eût voulu pour rien au monde être dans la nécessité de parler à un Prussien, il s’était réfugié à Rouen dans un petit logement sur le quai du Havre, où il était fort mal installé. Cela ressemblait à du dénûment ; ma grand’mère, très âgée, ne s’occupant plus de l’organisation du ménage, au lieu de transporter les meubles et objets nécessaires de la campagne à la ville, ce qui eût été facile, avait tout laissé