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ans et lui vingt-sept quand ils se marièrent. Leur bourse était légère mais leur cœur s’en effraya peu. L’apport de mon grand-père se bornait à son avenir, ma grand’mère avait une petite ferme d’un revenu de 4 000 livres.

Le ménage s’établit dans la rue du Petit-Salut, près la rue Grand-Pont, petite rue aux maisons étroites penchées l’une sur l’autre, et où le soleil ne peut envoyer ses rayons. Dans mon enfance, grand’mère m’y faisait souvent passer et en regardant les fenêtres, elle me disait d’une voix grave, presque religieuse : « Vois-tu, là se sont passées les meilleures années de ma vie. »

Issu d’un Champenois et d’une Normande, Gustave Flaubert offre les signes caractéristiques de ces deux races dans son tempérament à la fois très expansif et enveloppé de la mélancolie vague des peuples du Nord. Son humeur était égale