Page:Commanville - Souvenirs sur Gustave Flaubert, 1895.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

deste petite maison de la rue de Lecat, vivaient deux vieilles gens, le père et la mère Mignot. Ils avaient une tendresse extrême pour leur petit voisin. Sans cesse le bambin, sur un signe d’intelligence, ouvrant la grande et lourde porte de l’Hôtel-Dieu, traversait en courant la rue et venait s’asseoir sur les genoux du père Mignot.

Ce n’étaient pas les friandises de la bonne femme qui le tentaient, mais les histoires du vieux. Il en savait des quantités plus jolies les unes que les autres et avec quelle patience il les racontait ! Désormais Julie était remplacée. L’enfant n’était pas difficile, mais avait des préférences féroces ; celles qu’il aimait, il fallait les lui redire bien des fois.

Le père Mignot faisait aussi la lecture. Don Quichotte surtout passionnait mon oncle ; il ne s’en lassait jamais. Il a toute