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vieille abbaye et des bois tout autour sur les collines.

Ce pays charmant est fertile en vieilles histoires d’amour et de revenants. Julie les connaissait toutes ; c’était une habile conteuse que cette simple fille du peuple douée d’un esprit naturel très plaisant. Ses parents de père en fils étaient postillons, assez mauvais sujets et fort buveurs. Gustave, tout petit, s’asseyait près d’elle des journées entières. Pour l’amuser, Julie, à toutes les légendes apprises au foyer, joignait le souvenir de ses lectures, car, retenue au lit pendant un an par un mal de genou, elle avait lu plus qu’une femme de sa classe.

L’enfant était d’une nature tranquille, méditative et d’une naïveté dont il conserva des traces toute sa vie. Ma grand’mère m’a raconté qu’il restait de longues heures un doigt dans sa bouche, absorbé,