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HISTOIRES D’OURS

Personnellement, je n’ai jamais eu l’occasion de vérifier le fait, attendu que je n’ai tué qu’un seul ours l’hiver dans sa retraite, bien avant d’avoir entendu raconter cette histoire-là.

C’est aussi la croyance chez les Indiens que si un ours n’est pas tué dans son repaire, mais abattu à quelque distance de là, l’hiver suivant un autre ours viendra occuper sa retraite. C’est tout-à-fait probable, je crois. L’ours abattu par mon frère et moi pendant que nous trappions, le fut dans sa retraite après que j’eus entendu raconter le fait ci-dessus. J’ai dans la suite revisité plusieurs fois l’endroit, mais aucun autre ours ne s’y réfugia, cependant qu’il y avait des indices qu’il en était passé tout près.

L’ours que j’avais tué était une femelle et quoique ce fût à bonne heure en mars, vers le 10, elle avait un petit, tout petit, d’à peu près la taille d’un chaton. Le repaire de l’ourse était sur le flanc d’une colline, avec vue du côté sud. Il était bien tapissé de branches de sapins et de gazon, en partie apportés, vraisemblablement, de deux ou trois cents verges plus loin, là où nous rencontrâmes les premiers indices de la présence d’un ours dans le voisinage. C’est ce qui nous avait fait chercher dans les alentours, pour découvrir l’orifice que pratique la chaleur de l’animal à travers la neige recouvrant son repaire.

MON PREMIER « GRIZZLY » COMMENT JE L’AI ABATTU.

— Je termine ces quelques notes sur les ours en racontant comment il m’est arrivé de faire passer de vie à trépas mon premier « grizzly ».[1]

C’était en 1882, au cours d’une expédition de chasse avec le baron de la Grange. Nous nous étions équipés au Fort Washakie, dans le territoire de

  1. Ours gris d’Amérique.