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HISTOIRES D’OURS

crâne Ce fut alors que le jeune garçon tira une balle dans la tête de l’ours et courut au poste pour avoir de l’aide.

Lorsque les Indiens arrivèrent sur place, ils trouvèrent le chasseur et l’ours tous deux morts, l’ours était encore étendu sur le cadavre du chasseur.

D’après ce que déclarèrent des Indiens, qui écorchèrent l’animal, celui-ci ne portait qu’une balle logée dans le crâne, que le jeune garçon réclamait comme sienne.

Pendant mes années de résidence à la Baie de la Trinité, nous avions coutume de tendre des attrapes (dead falls) aux ours dans un grand brûlé où les bluets poussaient aussi drus qu’il y avait de brûlots, et ça n’est pas peu dire. Un jour, comme j’étais occupé à faire quelque chose de plus pressant, j’envoyai mon frère Firmin, visiter les pièges, en lui recommandant de ne s’approcher d’aucun, s’il y trouvait des ours, mais de venir de suite m’en avertir. C’était un garçon d’environ douze ans, et déjà un assez bon tireur, mais, comme mammifères, il n’avait jamais tiré sur plus gros gibier que des lapins. Il était allé bien souvent seul cependant, visiter ces pièges. Cette fois-là, il eut son jour.

En arrivant au deuxième piège, il y trouva un ours. En faisant jouer la détente de l’attrape, l’animal était resté pris par une patte de derrière qui s’était cassée, de sorte qu’il pouvait se mouvoir dans un certain espace. Il avait mis en pièces et grippé à lui tout ce qui se trouvait à sa portée, et ainsi n’avait fait qu’augmenter le poids de la tombe.

Mon frère avait emporté son fusil. Se postant à une vingtaine de verges de l’animal, c’est du moins ce qu’il me dit, il fit feu et l’ours tomba. Se rappelant ma recommandation, il ne s’approcha pas davantage de l’animal, mais, faisant aussitôt demi-tour, il vint