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CHASSE DU LYNX AU PlÈGE

Les attrapes (dead-falls) sont très efficaces pour frapper le castor. Elles sont tendues dans leurs sentes ou leurs portages et sur le barrage, mais elles demandent expérience et habilité dans la manière de les poser, et aussi une idée approximative de la taille de l’animal à frapper. Les arbres rongés peuvent donner des indices sous ce rapport.

Le tir à bout portant constitue un très bon moyen de se procurer rapidement du castor, quand on en découvre sa cabane, mais n’est praticable qu’à l’automne et au printemps. L’après-midi est le meilleur temps de la journée, mais on en rencontre à toute heure, surtout quand ils sont à travailler à leur hutte ou un barrage. Il faut se servir de gros plomb, car chez le castor les os du crâne sont très résistants. La AAA est le plomb préféré de la plupart des trappeurs. Personnellement, je me sers de plomb beaucoup plus petit ; le BBB est mon plomb favori, mais je ne tire jamais à plus de huit ou dix verges, parfois à moindre distance, à moins que l’animal soit à terre. Tirer de plus loin, c’est s’exposer à ne faire que blesser l’animal, qui, alors fait un plongeon et alors rarement on le rattrape. S’il arrive qu’on en abatte un, il y a danger qu’il s’en aille au fond avant qu’on puisse mettre la main dessus. Voilà ce qui arrive dans vingt pour cent des cas, quand ils sont tués raide. Tiré à l’eau salée, comme cela arrive de temps à autre au printemps, le gibier ne s’enfonce pas. On ne devrait jamais cerner (chiselling) ou forcer le castor, à moins que ce soit dans un cas de nécessité ou que l’on veuille en prendre vivants. Pour peu que l’on se livre à cet expédient, il est en preuve qu’il a causé plus de tort que toute autre manière de faire la trappe, quand un lac a été ainsi éclusé, il se passera bien des années avant que l’on y retrouve du castor. C’est du moins mon expérience.