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Le Castor



QUOIQUE j’eusse vu des milliers de peaux de castors aux postes de la Compagnie de la Baie d’Hudson, et quelques castors vivants apportés de temps à autre par les Sauvages, je n’en avais jamais vu à l’état sauvage, avant la découverte de notre hutte. Dans le livre sur l’histoire naturelle que M. Lawlor m’avait donné, j’avais lu au sujet du castor, bien des faits que je vérifiai par après comme absolument absurdes.

Parmi ces faits, on affirmait que le castor ne pouvait pas vivre hors de l’eau, et que lorsqu’il venait à terre, pour se nourrir, il se gardait toujours la queue à l’eau ; que les parties de devant du castor, à la cuisson, avaient goût de viande, et les quartiers de derrière de l’animal, celui de poisson ; qu’il se servait de sa queue comme d’une truelle pour construire sa hutte de glaise, qu’on extrayait une huile médicinale en faisant bouillir la queue, et que d’autres histoires ridicules.

Je n’ai pas besoin de dire à mes lecteurs que tout cela était imaginaire.

Quelques auteurs plus récents ont décrit la chair du castor comme ayant un goût amer et désagréable. J’oserai dire que tel a pu être parfaitement le cas pour les specimens auxquels ils ont pu goûter. On en pourrait dire autant et même pis du bœuf ou du mouton, si l’on en mangeait après l’avoir laissé une semaine et plus avec tous les viscères dans le corps. La chair du castor est délicate et agréable au goût quand elle est dans des conditions convenables. L’écorce de la plupart des arbres dont il se nourrit, de même que les racines de nénuphar sont très amères, et si les intestins demeurent une journée et plus dans le corps de l’animal, comme lorsqu’il est pris au piège, sa chair