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CHASSE DE LYNX AU PIÈGE

nous mîmes nos sacs à terre, et ne nous armant que d’un fusil et d’une hache, nous partîmes à la poursuite de notre gibier.

Nous avions fait un mille ou à peu près avant de pouvoir forcer l’animal. On s’en aperçut à la façon qu’il sautait dans la neige molle. Nous nous mîmes alors à hurler et à japper pour lui donner la frousse et le faire grimper dans un arbre. Il ne se rendit pas tout de suite à nos désirs, cependant, les arbres aux environs étaient trop petits. Il en avait essayé deux et en était redescendu, en prenant la fuite du côté d’une montagne escarpée où il réussit à se glisser sous de grosses roches.

Après m’être assuré qu’il n’en était pas sorti par ailleurs, je plaçai mon frère avec un fusil à l’entrée, au cas où il pourrait prendre la fuite, et je me mis en frais de le dénicher. J’eus à enlever tout un amas de neige avant d’arriver au niveau de l’entrée ; finalement, environ deux heures après, je l’aperçus. Il s’était retourné me faisant face ; tout ce que je vis d’abord furent ses deux yeux. Le trou mesurait environ une quinzaine de pieds de profondeur, et était très étroit ; de plus, il m’était impossible de l’attaquer par derrière pour le faire sortir. En sorte, que je décidai de lui tirer un coup de fusil sur place. J’étais dans une position très gênante, à demi sur le ventre, la bouche de mon fusil rasant le trou, c’est ainsi que je fis feu. Du trou le coup me revint, en me couvrant de saletés, de fumée et de neige. Quelques moments après, la fumée disparut, mais les deux yeux de l’animal n’étaient plus visibles.

J’étais sûr qu’il était mort, mais la difficulté était de l’aveindre de là. Nous n’avions ni crochet ni broche pour en confectionner un. Je coupai un arbre assez long pour atteindre le fond du trou. J’en tranchai le petit bout de façon à lui laisser un pouce